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Petits écrits de la Main Gauche
Informations aux lecteurs

Samedi 18 novembre 2023 :

PUBLICATION DU TOME 1 DE CAUGHT IN THE MIDDLE LE 18 NOVEMBRE 2023
Pour s'y retrouver avant la lecture : Avant-Propos The Legend Of Zelda

- Caught in the Middle (fanfiction du jeu Zelda Breath of the Wild) =>
T2 achevé ; T3 en cours d'écriture.

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28 mars 2016

ftf, stf ou ttf ? mplc ! *

100_3754

Pour ceux qui espèrent une suite aux histoires de Léa et Thi, je les informe dès maintenant que ce bonus se situe pendant Le Bunker, et non après... Bonne lecture !!

*******************************************************************

_ Et merde…

Je regardai en fronçant les sourcils la plaie qui rougissait sur ma paume, et je lâchai un grognement en apercevant les gouttes de sang qui perlaient. Dans un geste de pure stupidité, j’élançai mon bras pour frapper rageusement ces fichus ronces qui m’avaient entaillé les mains, récoltant de nouvelles égratignures pendant que les épines me riaient au nez.

Je poussai un soupir en m’extirpant de l’amas de plantes dans lequel je m’étais embourbée, avant de consulter à nouveau mon téléphone. J’effectuai quelques pas sur la droite. 5m10. Quelques-uns sur la gauche. 4m50, puis 5m60.

Je contemplai avec dépit les fourrés où j’avais laissé plusieurs lambeaux de peau. Soit elle était perdue là-dedans, et à moins d’être équipée d’une faucille, je n’étais pas prête de mettre la main dessus, soit elle avait disparu.

Me résignant à obtenir la réponse avec plus de simplicité, je chargeai la photo indice et les derniers commentaires. L’image montrait un dessous de bois luxuriant et parfaitement entretenu. Autant dire, rien à voir avec le fouillis qui se dressait devant moi. Puis mon regard tomba sur le dernier commentaire : Not found.

Je rageai intérieurement, maudissant ma curiosité patentée d’être partie bille en tête, sans prendre la moindre précaution. Comme avoir la géniale idée de vérifier qu’elle se trouvait toujours là.

Ne pouvant m’en prendre qu’à moi-même, mais cependant bien décidée à atteindre mon but en ce jour ensoleillé, je chargeai la carte et observai les alentours. Je choisis une nouvelle icône à proximité, et partis d’un pas décidé en direction de la côte.

J’avançai bien une vingtaine de minutes contre le vent violent qui émanait de l’océan Atlantique à mes côtés. Bien qu’étant abritée dans une petite baie, sa puissance me secouait comme une brindille et me glaçait les membres. Malgré tout, je pris une profonde inspiration bienfaitrice, me gorgeant de l’air vivifiant et iodé. Je contemplai les alentours, un sourire de bien-être dressé sur les lèvres.

Abordant la crique par le versant Sud, je suivais un chemin aménagé sur une esplanade d’herbe qui couvrait la baie. De vieilles tables de pique-nique bordaient le rivage, permettant d’apprécier la vue dégagée sur la petite île en face, sauvage et inaccessible. Derrière elle, sur la rive opposée, les grandes grues bleutées du port de commerce s’activaient tandis qu’elles déchargeaient le contenu d’un porte-conteneurs visiblement étranger.

Je laissai glisser mon regard sur les quelques barques échouées dans le mélange de sable et de vase qui émergeait entre les eaux.

L’une était blanche et bleu clair, semblant assez ancienne bien qu’apparemment en état de fonctionnement. Deux autres, amarrées à des bouées, flottaient sur la mer agitée de la rade. Une dernière était totalement délabrée, l’armature de la coque en bois bien visible. L’habitacle n’existait plus, emporté par les vagues et le temps depuis de nombreuses années. Quelques traces de peinture subsistaient sur la poupe, écaillées et rouillées.

Le long de la baie, plusieurs arbres se dressaient vaillamment, séparant le sentier de la route peu passante. Derrière, les maisons s’alignaient avec une pleine vue sur la mer que je leur enviais. Je n’osais imaginer le prix d’achat d’un habitat dans ce petit coin de paradis.

Je poursuivis mon avancée, jetant un coup d’œil sur mon téléphone. Je me rapprochais. Soit elle était cachée dans le muret en pierre qui bordait la crique, soit dans les arbres. Je ne voyais pas d’autres solutions.

Je continuai ma marche d’un pas assuré, un peu excitée par la quête que j’effectuais. Celle-ci avait un faible niveau de difficulté, elle devrait donc être facile à dénicher. Cependant, je n’avais aucune envie de me retrouver à nouveau le bec dans l’eau. Aussi, je chargeai les commentaires afin d’être certaine qu’elle était toujours bien active.

Il n’y en avait pas.

Elle était toute récente, et n’avait, apparemment, pas encore été trouvée par quiconque. Je serais donc FTF ? Cette simple idée m’apporta une légère poussée d’adrénaline, me poussant à hâter le pas.

Rendue au centre de la baie, je m’arrêtai. 5m10. Je ne devais plus être très loin. Je rangeai mon portable dans mes poches, et commençai à fureter. Les alentours étaient assez dégagés. L’herbe était bien entretenue, et quelques énormes cailloux balisaient le sentier. J’observai les racines des arbres et remuai l’herbe afin de découvrir un éventuel sol meuble, tentant d’ignorer la petite voix me disant que de nombreux chiens devaient s’être arrêtés pour uriner à cet endroit.

_ Tu tentes de retrouver ton instinct animalier pour mieux communiquer avec la nature ?

Je sursautai en entendant la voix railleuse que je reconnaîtrais entre mille. Je me redressai lentement, prenant mon courage à deux mains avant de me tourner vers ma Némésis. Celle-ci était perchée sur l’un des cailloux, tenant ses jambes pliées entre ses bras. Ses yeux noirs pétillaient de malice alors qu’elle m’observait. Le vent faisait virevolter des mèches brunes sur son visage, lui attribuant cet air sauvage qui provoquait des spasmes incontrôlés dans le creux de mon ventre.

_ Bonjour, Thi, lançai-je d’un ton neutre, incapable de trouver une meilleure répartie.

_ Une explication ?

_ Quelle explication ? demandai-je sans parvenir à détacher mon regard de sa silhouette.

Thi leva les yeux au ciel et son ton moqueur me fit redescendre sur terre à la vitesse de l’éclair.

_ De la raison qui te pousse à gratter le sol au pied de chaque arbre comme un chien qui cherche son os…

_ Hey ! m’exclamai-je sur un ton outré.

_ Je ne m’en plains pas ! reprit Thi en levant les mains en signe d’apaisement. La vue était plutôt intéressante…

Je ne pus empêcher une légère rougeur de me colorer les joues tandis qu’elle arborait son petit sourire en coin qui me faisait fondre autant qu’il m’agaçait. Je tournai la tête vers le rivage, tentant de reprendre une certaine contenance dans la contemplation de l’horizon.

_ Je fais une géocache, lâchai-je abruptement.

_ Une quoi ?

J’affichai un rictus fier, contente d’avoir pour une fois un pas d’avance sur elle.

_ Pourquoi ça ne m’étonne pas que tu sois un moldu ? Une géocache, c’est comme une chasse au trésor… mais à l’échelle mondiale.

Je me délectai un instant de l’air abasourdi de Thi, avant de lui lancer mon téléphone qu’elle rattrapa de justesse.

_ Tu sais utiliser ça ?

_ Je ne date pas de l’âge de pierre non plus, rétorqua-t-elle avec sarcasme.  

_ C’est une application que tu peux charger sur ton smartphone. Des personnes cachent des boîtes un peu partout dans la nature, indiquent les coordonnées GPS, et après, n’importe quelle personne inscrite peut la chercher.

Thi observa un instant l’écran, dubitative.

_ Et le but étant ?

_ De se balader, de découvrir des coins où tu ne serais jamais allée par toi-même. Et de mettre un peu de… fun… dans tout ça. Puis certaines sont historiques, et racontent des anecdotes sur les lieux visités. C’est intéressant… enfin je trouve, terminai-je avec une légère hésitation en voyant les sourcils froncés de ma voisine.

Seul le silence me répondit tandis que Thi gardait les yeux fixés sur mon téléphone, sans réagir. Je me morigénai en m’apercevant que je me balançai d’un pied sur l’autre, comme si je m’attendais à une validation de sa part. J’aimais bien chercher des petites boîtes dans la nature, en quoi aurais-je besoin de son aval pour ça ? Pourquoi est-ce que je ressentais la nécessité qu’elle adhère à ma petite distraction ? C’était profondément stupide.

_ Tu es surprenante, finit-elle par lâcher, toujours fixée sur l’écran.

_ Hein ?

Elle redressa la tête, et la petite lueur malicieuse qui brillait dans ses yeux ne me dit rien qui vaille.

_ Je n’aurais jamais pensé que les petites bourgeoises se distrayaient en jouant à la chasse au trésor. T’espères peut-être croiser un ténébreux pirate avec qui te dévergonder ?

_ Qui te dit que c’est un pirate que je cherche ? répondis-je sans réfléchir, agacée.

Mon sang se figea lorsque je me rendis compte de l’ambiguïté de mes paroles. Thi me fixait de son regard énigmatique et taquin, savourant visiblement ma réaction. Ses pupilles noires ne me lâchaient pas, et un gigantesque frisson d’un je-ne-sais-quoi-mais-je-ne-veux-pas-le-savoir me parcourut l’échine. Au comble du malaise, je repris ma quête sans un mot pour tenter de faire disparaître cet instant.

Je n’osais plus me pencher au pied des arbres, craignant toute répartie ambiguë de la part de ma comparse. Aussi, je me concentrai un instant sur les environs, cherchant l’endroit où la cache pouvait bien se trouver.

_ Haha très drôle… ou pas ?

_ Quoi ? fis-je en me retournant, interloquée.

_ C’est le nom de ta boîte.

Je hochai la tête, ne trouvant rien à ajouter. Le nom ne m’intéressait pas vraiment, je voulais juste trouver cette fichue cache. Je repris mes recherches, détaillant un gros caillou à proximité. Elle ne pouvait pas être planquée en dessous tout de même. Je lâchai un soupir en entendant résonner le rire de Thi derrière moi, craignant par-dessus tout ce qui pouvait bien provoquer l’hilarité chez cette femme. J’en étais le principal objet la majorité du temps, après tout.

_ Qu’est ce qui t’arrive encore ? demandai-je tout de même, intriguée.

_ Ce sont des poètes du dimanche qui l’ont cachée, dis donc, t’as lu leur blabla ?

_ Non.

J’observai Thi se réinstaller confortablement sur son rocher, avant de se lancer dans sa lecture :

_ « Le long de la rade, sur ce chemin côtier, Au royaume des culs-salés, Où se pêche à pied, Nombre de crustacés. Vous y trouverez, Au cœur des barques éventrées, Une cache culottée ! Par cette année bi-sexe-tille, La blagounette est facile ! En ce 29 février peu commun, Venez chercher votre bien ! En échange, veuillez y laisser de votre main, Une blague gracile, digne du 1er avril. » Des poètes je te dis !

Je la détaillai un instant, assise sur son perchoir avec un sourire ravi.

_ Au moins, à défaut d’être polie, lançai-je narquoisement, apparemment tu sais lire. C’est rassurant.

_ Elle me prend vraiment pour une femme de Cro-magnon, la petite bourgeoise. Par contre, on dirait qu’elle n’a aucune capacité de réflexion.

Je la fusillai du regard, sachant par avance que si on poursuivait cette joute-là, je perdrais à coup sûr. Je maudissais sa façon de me faire perdre pied avec autant d’aisance.

_ Tu peux m’expliquer pourquoi tu cherches partout sauf là où ta petite boîtounette se trouve ? reprit-elle d’un ton infantilisant au possible.

_ Qu’est-ce que tu veux dire ?

Elle poussa un profond soupir, avant de reporter son attention sur l’écran.

_ « Vous y trouverez, Au cœur des barques éventrées, Une cache culottée ! » C’est assez clair comme ça ?

Mes yeux s’écarquillèrent tandis que je réalisai ce que ça signifiait. Je me tournai lentement vers l’épave qui se dressait au milieu de la petite plage, avant de redescendre sur les vagues qui en léchaient la coque.

_ Elle est là-dedans ???? m’exclamai-je.

_ Ils ont indiqués que c’était pataugeux…, rétorqua Thi avec sarcasme. Elle a peur de l’eau la petite bourgeoise ??

Je lui lançai un nouveau regard assassin. Décidée à lui prouver que je n’étais pas une « petite bourgeoise », je me hissai sur le muret et observai autour de moi. Si je parvenais à monter sur la première barque blanche et bleue de ma position, je pouvais atteindre l’épave sans jamais toucher l’eau. Mais pour cela, il fallait que j’effectue un saut quelque peu improbable.

Je refusai de baisser les bras pour autant, particulièrement avec une Thi moqueuse dont la scrutation intense me carbonisait le dos. Prenant mon courage à deux mains, je stabilisai mes appuis, pris une profonde inspiration, et m’élançai.

A peine avais-je quitté le sol que je reconnaissais mon échec. J’étais encore bien trop loin de la barque à laquelle je devais m’accrocher. Je fermai les yeux, attendant le choc qui ne tarda pas.

L’eau m’aspergea de bas en haut, me glaçant, tandis que j’atterrissais violemment sur les fesses. Légèrement abasourdie, quelques secondes passèrent avant que le son du rire tonitruant de Thi ne me parvienne aux oreilles.

Je lui jetai un coup d’œil désabusé. Elle se tenait au bord du muret, pliée en deux, s’esclaffant à tout va devant le spectacle que j’offrais. Je laissai un léger sourire glisser sur mes lèvres. J’étais assez honnête pour reconnaitre qu’à sa place, j’aurai réagi pareil. Et je ne pouvais m’empêcher de penser qu’elle était descendue de son perchoir pour une bonne raison. Comme se rapprocher, par exemple, inquiète pour moi au vu de mon entreprise hasardeuse.

Tentant de récupérer un peu de dignité, je me relevai tant bien que mal, grelottant dans mes habits trempés. Je regardai un instant cette fichue épave qui se gaussait de ma déconvenue juste devant moi, et décidai que mouillée pour mouillée, autant continuer.

Je m’avançai avec difficulté dans les remous du courant, mes chaussures pleines d’eau pesant le poids d’un âne mort au bout de mes jambes. Thi ne cessait de s’esclaffer dans mon dos, ma démarche de canard ne l’aidant certainement pas à se calmer.

Parvenue à la hauteur de la barque, je m’échinai à en faire le tour à la recherche de la fameuse cache, l’eau me fouettant les genoux. Je finis par percevoir, au cœur de la coque, entre deux planches pourries, un amas suspicieux de morceaux de bois. Je l’avais trouvée.

Je dégageai précautionneusement le sachet en plastique noir de son antre et en sortis un pot en verre. A l’intérieur, quelques figurines et un bloc papier dans une pochette plastifiée. Je le sortis un peu précipitamment, impatiente de lire ce qui y avait été écrit.

Je ne pus alors m’empêcher de glousser. « Quand Sarko bronze, Carla brunit »… La tonalité Carambar était des plus explicites.

_ Alors, la petite bourgeoise a trouvé son pirate ? entendis-je Thi se moquer  au loin.

Je ne pris pas la peine de répondre tandis que je griffonnais tant bien que mal mes quelques mots.

« Pourquoi ne doit-on pas raconter de blague à un ballon ? Parce qu'il va éclater de rire. »

Ma propre blague était vraiment nulle. Mais alors que Thi continuait de ricaner dans mon dos, je haussai les épaules.

Peu importe, j’étais FTF.

 

* First to find, Second to find, ou Third to find ? Merci pour la cache !

Pour en savoir plus sur le Géocaching, c'est par ici !

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Commentaires
C
Bravo ;o) Un récit plein d'humour et de tendresse et en plus sur le géocaching ! J'adhère.....; ;o)
Répondre
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