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Petits écrits de la Main Gauche
Informations aux lecteurs

Samedi 18 novembre 2023 :

PUBLICATION DU TOME 1 DE CAUGHT IN THE MIDDLE LE 18 NOVEMBRE 2023
Pour s'y retrouver avant la lecture : Avant-Propos The Legend Of Zelda

- Caught in the Middle (fanfiction du jeu Zelda Breath of the Wild) =>
T2 achevé ; T3 en cours d'écriture.

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10 juillet 2015

Le Bunker - Chapitre 04

Elle était pieds nus, n’ayant pas remis ses baskets boueuses, à mon grand soulagement. Je lui avais destiné un simple jean noir et un petit pull fin rouge. Elle se tenait droite devant moi, dans la pénombre, augmentant ma frustration de ne pouvoir la distinguer clairement. Encore une fois, je mis ma patience à rude épreuve. Un mot d’ordre était ancré dans ma tête : ne pas la brusquer ou tout sera perdu. Et je m’y tenais fermement, comme un parfait petit soldat.

Mais il était hors de question pour autant qu’elle me laisse encore dans le brouillard.

Ses yeux brillaient dans le noir, et elle me fixait à nouveau de ce même air froid. Je plantai mon regard dans le sien et m’efforçai de rester de marbre, aussi difficile que ça pouvait être. J’avais l’impression que dans ce combat, elle était armée de lames de rasoir et moi, de pistolets à eau. Mais j’étais bien décidée à lui montrer à qui elle avait à faire.

Au bout de quelques minutes de cette lutte silencieuse, j’élevai la voix :

_ Quel est ton nom ?

La réponse se fit attendre, et pendant tout ce temps, ses yeux se demandaient si j’étais digne d’avoir une réponse.

_ Appelle-moi Thi.

Je demeurai un instant dubitative mais n’osai pas faire la moindre remarque. Je me permis alors de baisser les yeux en me dirigeant vers la table de la salle à manger, et la regardai à nouveau en désignant les couverts.

_ Bienvenue Thi.

Après une hésitation, elle s’avança vers moi. Vers la lumière. Mon cœur se mit à battre à tout rompre.

Elle s’arrêta juste en face de moi et plongea à nouveau son regard dans le mien.

Jamais je n’aurais pu imaginer que sous la couche de crasse, une telle beauté pouvait se dissimuler. Elle était d’origine arabe, avec des cheveux humides d’un noir de jais qui descendaient en cascade sur ses épaules et une peau mate. Son large front surplombait de fins sourcils qui décoraient ses yeux en amande si perçants. L’arête du nez, tout en finesse, s’écoulait le long de son visage jusqu’à une bouche aux lèvres généreuses qui se découpait délicatement le long d’une mâchoire carrée.

Le reste de son corps était taillé tout en finesse et en muscles. Les fesses et les seins étaient légèrement bombés, accentuant le plat de son ventre et sa cambrure. J’étais subjuguée par son apparition, par sa beauté, par l’aura dangereuse et méfiante qu’elle dégageait.

Mon corps se mit alors à se mouvoir sans que je puisse le retenir, me contentant d’observer la scène. Je ne me contrôlais pas, mais je ressentais, ô oui, je ressentais. Mon cœur qui battait la chamade jusque dans mes tempes. Je n’entendais plus que lui, il n’y avait plus que lui dans cette bulle qui s’était créée à la vision de cette femme. Mon corps était comme engourdi, je me sentais laide, sans grâce. Ce n’était pas ma volonté qui dirigeait mon corps, mais une brûlante décharge d’émotions. Le foyer dans mon ventre déferlait sa chaleur dans tous mes membres. Ils étaient tous déconnectés, indépendants de ma tête. Le seul qui y était encore relié semblait être mon cœur, et il se chargeait vaillamment de bloquer toutes émissions provenant de mon cerveau éteint par la fulgurance de ses battements.

Et je ne compris pas ce que je fis.

Je me vis lever la main, lentement. Tremblants, mes doigts effleurèrent sa joue.

Elle empoigna mon poignet violemment. Et moi, je réintégrai mon corps brusquement.

C’était comme si je venais de me réveiller en sursaut après un cauchemar. Un cauchemar où je faisais peur. Et je n’avais pas tort à son expression.

Ses yeux prédateurs étaient plissés, me scrutant avec une lueur féroce. Sa main qui serrait douloureusement mon poignet tremblait. C’était une bête blessée, et par ce simple geste stupide et incompréhensible de ma part, j’avais réveillé en elle son instinct de survie. 

Je m’attendais à ce qu’elle sorte sans un mot, ou même qu’elle me gifle. Mais je ne m’attendais pas à entendre sa douce voix grave prendre le ton menaçant et glacial du bunker pour me cracher ces mots au visage :

_ Ne – me – touche – pas.

Je ne comprenais pas. Elle reprit, ne semblant pas percevoir mon incrédulité, toute à sa haine qu’elle était.

_ Je te brutalise, et au lieu de fuir ou de me dénoncer à la police, tu m’habilles et me donnes à manger. Ton copain s’en va et la première chose que tu fais, c’est me proposer une douche. Et là, sans me connaître, tu veux me toucher le visage. Qui es-tu ? Que cherches-tu ? Que me veux-tu ?

J’avais eu le temps de reprendre mes esprits et de m’apercevoir qu’effectivement, de son point de vue, mon comportement devait être des plus étranges. D’un point de vue général en fait. Parce que même moi, je ne comprenais pas ce que je venais de faire. Ce que je savais par contre, c’est que ce n’était pas le moment d’y réfléchir.

Je ne sais pas pourquoi je m’y pris aussi durement. Peut-être plus par colère envers moi qu’envers elle. Mais lorsque je pris la parole, je me surpris moi-même par le timbre tranchant de ma voix.

_ Je ne suis qu’une jeune femme en vacances, intriguée par une inconnue qui essaye d’être effrayante mais qui semble surtout effrayée. Ce n’est certainement pas raisonnable, peut-être que je suis folle, mais je déteste les mystères. Et tu en es un.

_ Pourquoi tu m’as caressé le visage ? asséna-t-elle brutalement, lâchant enfin mon poignet qui commençait à devenir douloureux.

Je restai silencieuse. Mon cerveau trouva une réponse cohérente qui s’écoula directement par mes lèvres sans même que j’ai le temps de l’analyser.

_ Parce que je voyais enfin à quoi tu ressemblais et que ton visage semble exprimer bien plus de douceur que ton attitude. Si cette réponse ne te plaît pas, tu peux prendre la porte, je ne te retiendrais pas. Je serai juste déçue, et je continuerai ma vie. 

Je me tus, et attendis la réponse. Ma foi, elle pouvait très bien s’en aller parce que mes paroles ne lui convenaient pas, vu qu’elles sonnaient faux à mes propres oreilles. Je savais que je mentais honteusement, et peut-être davantage à moi qu’à elle-même d’ailleurs. J’avais conscience que son départ me laisserait un goût bien amer que seul le temps effacerait.

Le silence se prolongea. Son regard revint explorer mon âme et je m’acharnais à lui tenir tête, espérant prouver ma fausse bonne foi. Je trépignai. Je n’en pouvais plus d’attendre son verdict dans cette atmosphère si oppressante.

Un grognement qui me parut salutaire s’échappa de son ventre. Je sautai sur l’occasion pour rompre cette ambiance insupportable pour mes nerfs et réorienter la conversation, tentant de m’y mouvoir avec plus d’assurance.

_ Tu as faim. Reste donc manger après je te laisserai partir si tu veux. Mais ce serait stupide que tu t’en ailles le ventre vide. Tu n’as déjà plus que la peau sur les os.

Et je me détournai vers la cuisine. Je sentais son regard sur ma nuque et je croisai les doigts pour ne pas entendre le bruit fatidique de la porte d’entrée, gong de mon échec.

Je restais accaparée à mes fourneaux, ne voulant lui montrer ô combien sa décision m’importait. De plus, les questions déferlaient dans ma tête, comme un torrent que je ne parvenais pas à arrêter. Pourquoi avais-je fait cela ? Que signifiait cette chaleur qui m’envahissait le corps par sa simple présence, elle, que je ne connaissais pas ? Pourquoi cet intérêt pour elle ? Pourquoi ce désespoir qui s’abattait sur mes épaules à l’idée qu’elle me tourne le dos ? Pourquoi cette peur irrationnelle qu’elle s’en aille ? Pourquoi cette envie, bien que maintenant réprimée mais toujours présente, de vouloir la toucher, de sentir sa peau ?

Malgré tous mes efforts pour faire comprendre à mon cerveau que je n’avais pas le temps de répondre à toutes ces questions avant la nuit, il ne cessait d’en formuler à nouveau, inlassablement, m’assommant.

Je secouai la tête et inspirai profondément en éteignant la gazinière. Je devais me concentrer, pour ne plus faire d’erreur et encore risquer de la perdre. La perdre ? Mais perdre quoi, une inconnue ? Mon esprit était embrouillé, mes émotions s’y balançant pêle-mêle sans la moindre cohésion.

Je mis toute ma volonté pour m’obliger intérieurement à remettre toutes ces questions à plus tard. Mais elles jaillirent de plus belles. Quelles conséquences à cette soirée ? Quelle suite ? Ne devrais-je pas rentrer près de mon mari et tout oublier ? N’était-ce pas là-bas ma place après tout ?

Je secouai à nouveau la tête et pris une grande inspiration avant de me retourner. Le meilleur moyen pour ne pas penser, était de m’occuper. Je pris donc la gamelle à deux mains, et je me fis intérieurement la remarque qu’elle pouvait être le symbole de mon courage.

En me morigénant d’avoir des pensées aussi disparates, je me retournai et constatai qu’elle n’avait toujours pas bougé. Elle était restée là tout du long, à me regarder m’affairer. Résolument, je me dirigeais vers la table sans lui prêter plus d'attention.

Je déposai le plat, servis nos deux assiettes, et m’installai, toujours soumise à son examen silencieux. Je ne savais pas ce qu’elle pouvait jauger ainsi, mais il semblait que ce soit satisfaisant, puisqu’elle prit place en secouant la tête, comme désabusée.

_ Tu es totalement inconsciente.

Sur cette déclaration abrupte, elle commença à manger. Avec grand appétit. Moi, je restai là quelques minutes, ne sachant exactement quoi penser, puis m’attelai à vider consciencieusement mon assiette. Je me forçais, je n’avais pas faim, bien trop occupée à trouver un moyen d’engager la conversation.

A ma grande surprise, ce fut elle qui fit le premier pas d’une voix bourrue :

_ C’est très bon.

_ Merci.

Le bruit des couverts dans les assiettes fut le seul qui retentit par la suite. La gêne flottait autour de nous, comme une aura palpable. Mon geste maladroit la rendait encore plus méfiante qu’avant et pourtant quelque chose m’attirait irrémédiablement vers elle. Peut-être était-ce stupide, mais qu’elle prenne la parole d’elle-même, bien que ce soit pour des choses insignifiantes, me soulageait.

_ Personne n’a jamais fait la cuisine pour moi, reprit-elle sans émotion, comme un simple constat. C’est agréable, même si je ne comprends toujours pas pourquoi tu fais ça.

Je haussai les épaules, tentant de prendre une attitude nonchalante.

_ Ce n’est rien.

Je ne trouvai rien d’autre à dire, pour la simple raison que je n’étais plus très sûre de mes véritables motivations à son égard. Aussi, je préférai ne pas répondre, et le silence se réinstalla. Mon esprit s’égayait dans tous les sens. Je voyais bien que Thi semblait plutôt disposée à la conversation et effectuait quelques tentatives, et que paradoxalement, c’était moi qui lui fermais la porte, tout en la retenant à mes côtés. J’avais l’étrange certitude que tout se jouait ce soir, et que j’avais déjà commis bien trop d’impairs. Seulement, j’ignorais totalement comment me rattraper.

Le cours de mes pensées fut interrompu par un petit rire discret de sa part.

_ Qu’est-ce qu’il y a ? l’interrogeai-je, surprise.

_ Je viens juste de me rendre compte que tu ne faisais sûrement pas la cuisine pour moi, mais pour ton copain. Je suis vraiment conne de penser que tu aurais fait ça pour une SDF.

_ Et j’ai fait ça pour qui ce soir à ton avis ? répliquai-je, cinglante, un peu déstabilisée par son comportement.

Elle ne répondit pas, m’observant attentivement avec un léger sourire aux lèvres. Trop brusque, trop sous-entendu, j’aurais dû dire… dire quoi ? Que je lui refilais nos restes comme à un chien errant ?

Cette soirée était un véritable calvaire. Chaque mot, chaque phrase déclenchait une véritable cacophonie dans mon cerveau qui m’empêchait de me concentrer. Et cette fichue boule dans mon ventre…

_ Marc est un ermite en vacances, tentai-je de m’expliquer, et je suis plutôt hyperactive. Faire la cuisine pour toi m’occupait.

Elle lâcha ses couverts avec désinvolture, les faisant résonner contre l’assiette tandis qu’elle terminait sa dernière bouchée.

_ Ravie d’avoir permis à une petite bourgeoise de faire sa BA sur son temps libre, dit-elle en se relevant, sarcastique.

_ Je ne suis pas une petite bourgeoise, assenai-je fermement, agacée. Et je n’ai pas fait ça uniquement pour soulager ma conscience. Elle se porte très bien sans ça, je te remercie.

Elle se saisit de son assiette dans laquelle elle rangea ses couverts consciencieusement. Je déglutis péniblement en l’observant contourner la table sans me lâcher du regard, tel un prédateur guettant sa proie. Ses pupilles étaient si sombres que dans la pénombre, je ne parvenais pas à les dissocier de ses iris.

Un frisson me parcourut l’échine lorsqu’elle se pencha sur mon épaule, étendant le bras vers ma propre assiette. Je réprimai avec difficulté un tremblement lorsque je sentis son souffle chaud tout près de mon oreille, se répandant sur mon cou.

_ Alors qu’attends-tu de moi, Sœur Thérèse, hmm ? murmura-t-elle d’une voix suave et rauque à mon tympan, laissant une note de menace planer dans son timbre.

Elle se redressa rapidement, et c’est de manière très aiguë que je sentis une mèche de cheveux bruns caresser mon épaule dans la foulée. J’avais chaud, effroyablement chaud. Alors que Thi s’éloignait dans la cuisine, je fermai les yeux un instant pour tenter d’apaiser mes tourments, remettant leur terrifiante analyse pour plus tard. Je me raclai la gorge, et sortis la première réponse qui me traversa l’esprit en commençant à débarrasser la table à mon tour, principalement pour avoir une occupation.

_ Je suis journaliste, déclarai-je sans ambages.

Thi se retourna, un sourcil haussé, une moue dubitative fichée sur ses lèvres épaisses.

_ Oh, au lieu de Sœur Thérèse, j’ai Rouletabille ! s’exclama-t-elle. Tu veux faire un papier sur les pauvres SDF, c’est ça ? T’avais pas besoin de venir jusqu’ici pour en trouver.

_ Tu es vraiment SDF ?

_ Non, je suis juste amoureuse du grand air.

Je soupirai en déposant le plat sur la gazinière. Rien ne se passait comme prévu. Cette femme me troublait beaucoup plus que je n’osais l’admettre pour une raison qui m’échappait, m’embrumant le cerveau, me poussant sans cesse à la faute.

_ Je ne veux pas faire un papier sur les SDF, repris-je d’une voix que je tentai assurée. Je suis à la rubrique Faits Divers, pas Société.

_ Alors au risque de me répéter, minauda-t-elle en croisant les bras sur son torse, qu’est-ce que tu attends de moi ?

Je haussai les épaules, sachant à l’avance que je n’aurai pas de réponse convenable à lui apporter.

_ Je te l’ai dit. Rien. Je n’attends rien du tout. Tu m’as intriguée, tu es mystérieuse et je ne suis pas journaliste pour rien. Je veux juste te connaître.

Thi resta un instant à me fixer les sourcils froncés, tentant d’évaluer la véracité de mes paroles.

_ OK, se contenta-t-elle de répondre. Sur ces bonnes paroles, tu m’excuseras, mais je dois trouver un endroit sec où dormir.

_ Tu n’as qu’à rester ici.

Je me surpris moi-même de mes propos. J’ignorai ce qui me traversait l’esprit, je ne comprenais pas la moitié de ce que je faisais ce soir à partir du moment où elle était apparue en bas des escaliers. J’avais beau être d’une curiosité maladive, les nombreux déboires que cela m’avait valus à l’adolescence m’avaient tout de même appris un peu de prudence. Ce soir, j’en manquais cruellement. La seule chose qui résonnait en moi, qui me faisait vibrer, c’était la crainte qu’elle s’en aille ainsi, après si peu d’échanges. J’avais la désagréable impression de lui demander une faveur, et ce, contre toute logique au vu de la situation. Le ricanement qui s’échappa des lèvres de Thi ne me trompa pas sur ses pensées.

_ Tu es au courant que je pourrais voler tout ce qui se trouve ici pendant la nuit ?

_ Ce n’est pas à moi.

_ Je pourrais très bien te séquestrer, t’agresser ou même te violer ! s’exclama-t-elle. Si ça se trouve, je suis une véritable psychopathe !

_ Si c’était le cas, tu n’en aurais jamais parlé, rétorquai-je d’un ton calme. Tu aurais juste profité de ma faiblesse et répondu oui.

_ Il n’empêche que tu es complètement dingue.

Le silence s’abattit sur nous brutalement, nous laissant nous jauger face à face. Je sentais une tension fébrile parcourir mon corps. Je ne parvenais pas à me décider. Une part de moi souhaitait la voir passer cette porte et ne jamais la revoir, une autre, beaucoup plus impulsive, beaucoup plus brûlante, la suppliait de rester. La manie qu’elle avait de rester à me contempler de haut en bas pendant toutes ces minutes interminables avant de prendre une décision me mettait mal à l’aise. Je ne supportais plus son regard intrusif.

_ Alors, conclus-je fermement, tu préfères la pluie ou le canapé ?

Comme pour appuyer mes paroles, un éclair retentit à proximité, me surprenant de son intensité. Je vis le visage de Thi se porter sur la fenêtre, observant la pluie torrentielle qui s’abattait et la mer déchainée. Au loin, se découpait dans l’horizon ce qui était son refuge, le vieux bunker allemand.

Je la suppliai de prendre la bonne décision, parce que moi-même, j’ignorai laquelle s’était.

Elle soupira avec résignation, et je sus dès lors que j’étais arrivée à mes fins. Enfin une partie de moi, tandis que l’autre paniquait sans raison.

_ Juste cette nuit alors, m’accorda-t-elle sombrement.

Je hochai la tête sans un mot, réprimant un sourire qui serait mal accueilli, je le savais.

Je me détournai afin d’aller chercher une couverture chaude et un oreiller dans une armoire. Je déposai ces derniers sur le canapé sans tenter d’échanger la moindre parole. Je me redressai pour la voir debout au milieu du salon, l’air un peu perdu mais résolument méfiant.

_ Je te laisse t’installer, indiquai-je d’une voix que je voulus douce. Passe une bonne nuit.

Je me dirigeai vers l’escalier, réfrénant l’envie d’observer sa réaction. Alors que je gravissais les marches lentement, un bruit de tissu me poussa à me retourner.

Thi se tenait là, dos à moi, tandis qu’elle se déshabillait. Je restai un instant interdite devant sa peau hâlée dévoilée, sentant une forte rougeur envahir mes joues.

Paniquée face à cette réaction des plus surprenantes, je m’obligeai à monter les marches en vitesse pour échapper à tout ce que cette femme éveillait d’inconnu chez moi.

Une fois dans le couloir, je m’efforçai de retrouver mes esprits. Je me répétai comme un leitmotiv que je ne devais pas m’interroger plus avant, mais je savais pertinemment que dans l’obscurité de ma chambre, je serais seule face à mes démons.

Et bien obligée de les affronter.

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