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Petits écrits de la Main Gauche
Informations aux lecteurs

Samedi 18 novembre 2023 :

PUBLICATION DU TOME 1 DE CAUGHT IN THE MIDDLE LE 18 NOVEMBRE 2023
Pour s'y retrouver avant la lecture : Avant-Propos The Legend Of Zelda

- Caught in the Middle (fanfiction du jeu Zelda Breath of the Wild) =>
T2 achevé ; T3 en cours d'écriture.

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10 juillet 2015

Le Bunker - Chapitre 08

Je descendis prestement l’escalier et me plaçai dans l’embrasure de la porte, affichant un grand sourire que je souhaitai convaincant. Marc sortit de la voiture comme une torpille, m’attrapant au vol et me faisant tournoyer dans les airs avant de me poser au sol pour m’embrasser passionnément.

_ Ce que tu m’as manqué, ma petite femme ! s’exclama-t-il avec un gigantesque sourire sur les lèvres.

_ Toi aussi, mentis-je avec conviction.

Je me dégoûtai.

Je l’aidai calmement à décharger la voiture. Lorsque nous entrâmes dans le salon, je vis Marc tendre le nez sous le fumet qui se dégageait de la cuisine, un sourire de contentement apparaissant sur son visage.

_ Mmmh, je n’en pouvais plus du jambon-pâtes, murmura-t-il.

Il déposa son sac à ses pieds et se tourna vers moi, une lueur malicieuse dans les yeux. Il s’approcha lentement, me contemplant de haut en bas.

_ Un petit repas qui mijote, et ma femme dans une robe délicieuse et terriblement excitante, murmura-t-il en me saisissant les mains, ses lèvres se penchant vers mon visage. Je ne sais pas si je mérite vraiment tout ça. Mais que je sois enfermé si je n’en profite pas.

Il m’embrassa alors langoureusement, laissant ses paumes venir se poser de chaque côté de mon visage. Je lui répondis avec toute la conviction dont j’étais capable, aussi désireuse que lui de ressentir ce frisson habituel lorsqu’il m’embrassait ainsi.

_ Je t’aime, ma Léa, murmura-t-il avant de s’évader dans mon cou pour le mordiller.

Une de ses mains s’enfuit vers le bas de la robe, venant caresser le haut de ma cuisse avec délicatesse, rallumant mon désir comme une torche. Je réalisai alors que je le voulais. Je voulais qu’il me prenne, là tout de suite. Mais je savais que ce n’était pas parce que je l’aimais. Et ça m’en rendait malade.

Je voulais qu’il possède tout mon corps pour assouvir le désir qui me brûlait les reins depuis une semaine, désir bien présent mais d’un autre corps que le sien. Je voulais qu’il me libère du joug de cette femme qui m’empoisonnait les sens. Je voulais qu’il me prenne, mais je voulais qu’il me punisse, sans le savoir, de mes pensées adultères.

Je voulais qu’il me fasse jouir et qu’il me fasse mal.

Cette sensation me rendait nauséeuse, mais j’étais devenue totalement incapable de l’éradiquer. Je n’avais plus qu’une seule échappatoire, l’assouvir. Maintenant, tout de suite.

Notre étreinte se fit violence lorsque j’entrai dans la danse. Nos bouches se scotchaient, nos dents mordaient, mes mains le griffaient, mes jambes s’enroulaient autour de lui pour le plaquer contre mon corps, et le mien contre le mur.

Je sentis sa main s’aventurer vers mon entrejambe pour le caresser, et cette simple idée me flanqua la chair de poule. Je savais que cette sensation, loin de m’exorciser, me ramènerait bien trop aux rêves qui me hantaient. Aussi, je saisis brutalement le poignet de mon mari pour le stopper, et il me regarda un instant avec une lueur surprise dans les yeux, me sachant d'habitude beaucoup plutôt exaltée face à ce genre d'initiative.

_ Prends-moi Marc, répondis-je d’un ton impérieux à sa question muette, prends-moi maintenant.

Ces mots, qui jamais auparavant n’auraient franchi mes lèvres, s’en étaient échappés dans un souffle. J’eus le temps de voir une lueur d’incompréhension dans le regard de mon mari, mais le feu dans mes reins était trop brûlant pour que je m’en soucie.

Je finis de le déshabiller brutalement avant de le jeter sur le canapé pour le dominer, mordant sa chair sans la moindre délicatesse. Je voulais réveiller le fauve qui était en lui, le libérer de ses chaînes. Je ne voulais pas de ses petites attentions, de ses caresses, je voulais juste qu’il me possède, là sur le canapé.

Et j’y parvins.

Je ne sus s’il était envouté ou agacé par la violence de mon comportement, mais il me saisit les épaules violemment pour me faire basculer en arrière. Ce fut sans la moindre douceur qu’il me retourna sur le ventre, son corps se plaquant contre le mien, le bloquant de tout son poids. Il me mordit le cou, et j’en sentis une légère douleur, avant qu’il ne me prenne violemment ainsi, sur le divan. Il ne prit pas la peine de me laisser m’habituer à ce corps étranger en moi, qu’il s’acharna en des va-et-vient poussifs, une de ses mains me maintenant plaquée contre le canapé, l’autre relevant mon bassin en une position totalement indécente.

Je sentis une légère honte de me savoir ainsi, soumise, à la merci de mon époux, moi qui avais toujours prôné l’égalité et le respect mutuel. Je ne me reconnaissais pas. Et je me dégoûtais en me rendant compte de combien je prenais du plaisir en cet instant, alors que je me montrai dans une position si dégradante. C’était brutal, violent, mais cela me semblait le seul moyen de me désensorceler de cette femme.

Ce que je pouvais être naïve parfois.

Durant tous nos ébats, elle apparaissait sans cesse devant mes yeux, elle me narguait, elle me hantait, me tuait à petit feu. Je la voulais elle et une énorme culpabilité envers l’homme qui me faisait l’amour me mitrailla le cœur.

Désespérée, je me déchaînai encore davantage, cherchant toujours plus de violence et de brutalité, appelant de tout mon être mon mari en mon sein. Je m’empalai sur lui comme jamais je n’avais osé le faire, repoussant ses gestes affectueux, préférant sentir ses morsures dans mon dos, ses mains puissantes me maintenir contre lui, basculant le bassin pour le sentir là, au plus profond de moi. Pour me sentir vivante et amoureuse.

Alors que je sentais l’orgasme m’envahir, une larme s’échappa de mes yeux en réalisant que rien ne me soulageait du désir brûlant que j’avais envers elle. Larme que Marc ne perçut pas, tandis que j’enfonçais mon visage dans le coussin du canapé, autant à cause des soubresauts auxquels mon corps était soumis qu’à la douleur de mon cœur déchiré.

Quelques minutes plus tard, nous étions enroulés l’un contre l’autre, en sueur et le souffle court. Je me sentais courbaturée, les hanches et l’entrejambe douloureux après ces derniers instants. Je refusai de le regarder, tant j’avais honte de mon comportement.

_ Et bien ma chérie, soupira Marc avec un grand sourire en me caressant le visage, je ne t’ai jamais vue aussi déchaînée, je ne te connaissais pas ce côté sauvage… Ce n’est pas pour me déplaire.

Il savait. Il savait que je culpabilisais de m’être montrée ainsi, et souhaitait me rassurer. Cet homme était un ange, et pendant qu’il me faisait l’amour, je pensais à une autre. Brisée, je me serrai encore plus fort contre lui.

_ C’est parce que tu m’as manqué…

Une larme coula discrètement le long de ma joue.

Personne ne saura jamais.

 

****

 

Le lendemain, je me levais morose. La nuit avait été courte et sordide, pleine de pensées disparates, dégradantes, honteuses, tandis que mon mari dormait paisiblement à mes côtés. La fatigue me pesait et je me sentais empêtrée dans un nœud coulant. J’étais perdue au fond d’un gouffre, sans la moindre possibilité d’en sortir. Marc, voyant bien que quelque chose n’allait pas, se montra charmant, s’excusant même de son comportement de la semaine passée. Mais il m’exaspérait malgré moi.

Mon désir de Thi était toujours aussi vivace, je le sentais, et je voulais qu’il me honnisse pour ça. J’étais incapable de le lui dire, de lui en parler, de voir son regard blessé, par ma faute. Mais malgré tout, je voulais qu’il m’insulte, qu’il s’énerve, qu’il me calomnie, qu’il se venge. Je voulais qu’il me punisse pour atténuer cette culpabilité effroyable qui me collait à la peau. Je me sentais sale de toutes ces pensées qui ne lui étaient pas destinées.

Je me rendais bien compte que je le provoquai. Je ne parvenais pas à retenir des paroles amères, des notes d’exaspération quand il me parlait. Il prenait coup sur coup sans broncher, et je le suppliais intérieurement de réagir, tant je voulais dégager cette colère qui menaçait de déborder. Colère pourtant dirigée contre moi-même. J’avais une conscience aiguë de mon injustice envers lui, lui qui avait fait plusieurs heures de route pour passer un weekend paisible avec sa femme.

Et plus je me montrai désagréable, plus je me sentais coupable. Et plus je me sentais coupable, plus j’étais désagréable. J’étais prise dans un cercle infernal dont je ne parvenais pas à me défaire.

En fin d’après-midi, alors que nous rentrions tout juste de la plage où j’avais désespérément guetté la présence de ma sombre inconnue, Marc finit par saturer après une énième remarque acerbe de ma part.

_ Mais qu’est-ce que tu as à la fin ? s’exaspéra-t-il. Dès que je te dis quelque chose, tu prends la mouche !

_ Rien, grommelai-je, incapable de trouver une explication plausible à mon comportement.

_ T’as tes règles ou quoi ?

_ Oh, bravo pour la remarque machiste ! m’énervai-je aussitôt, en ayant bien conscience de sauter sur l’occasion. Et tu crois que c’est comme ça que tu vas regagner mes faveurs ?

Il s’arrêta au milieu du salon, interdit.

_ Regagner tes faveurs ? Mais qu’est-ce que j’ai fait au juste, Léa ? C’est à cause d’hier soir ?

Je fermai les yeux, me sentant encore plus sale au souvenir de mon comportement de la veille.

_ Ça n’a rien à voir, répondis-je d’un ton sec. J’ai pris mon pied, pas toi peut-être ?

Il resta un moment à me regarder, le visage fermé. Il secoua la tête à la dénégation, constatant avec raison qu’il ne tirerait rien de moi. Il se dirigea alors vers la commode, saisissant les clés de la voiture.

_ Où vas-tu ? m’exclamai-je.

_ Je vais faire un tour.

Je lui tournai le dos, agacée de le voir s’en aller sans laisser sa colère, ma colère, s’exprimer.

_ C’est ça, t’as qu’à fuir ! crachai-je.

Je l’entendis ouvrir la porte, puis s’arrêter sur le seuil.

_ Je sais pas ce que tu me fais Léa, dit-il dans mon dos d’une voix froide. J’arrive et tu te comportes comme une inconnue. Hier soir, tu crois que tu te montrais soumise, mais je sais bien que tu m’utilisais uniquement pour ton plaisir. Et là, tu veux à nouveau m’utiliser pour assouvir je ne sais quoi, et je refuse d’être ton objet, Léa. Je sais pas sur quelle route tu veux nous emmener, mais je ne te suivrais pas là-dedans. Réfléchis-y, je reviendrai dans la soirée. 

Le battant claqua dans mon dos, tandis que des larmes s’écoulaient de mes paupières, silencieusement.

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