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Petits écrits de la Main Gauche
Informations aux lecteurs

Samedi 18 novembre 2023 :

PUBLICATION DU TOME 1 DE CAUGHT IN THE MIDDLE LE 18 NOVEMBRE 2023
Pour s'y retrouver avant la lecture : Avant-Propos The Legend Of Zelda

- Caught in the Middle (fanfiction du jeu Zelda Breath of the Wild) =>
T2 achevé ; T3 en cours d'écriture.

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10 juillet 2015

Le Bunker - Chapitre 10

A peine avais-je prononcé ces quelques mots libérateurs que je sentis un sourire vainqueur se dresser sur les lèvres de Thi collées aux miennes. Exaspérée par son comportement, refusant de l’entendre prononcer le moindre mot que je saurais moqueur, obnubilée par mon désir quasiment rendu à son paroxysme, je me jetai sur sa bouche comme une lionne affamée, nouant nos langues dans un pas de danse enivrant.

J’étais grisée. Mon cœur battait à tout rompre dans mes tempes, mon esprit était envouté par la chaleur et la fragrance de ce corps si longtemps désiré qui se mouvait contre moi. Mes digues morales s’étaient rompues brutalement, me laissant fébrile et tremblante.

Assurée que je ne me débattrais plus, sa main lâcha mes poignets pour venir rejoindre sa comparse en train de me retirer mon blouson. Mes doigts s’emmêlèrent dans les longs cheveux bruns qui me caressaient la poitrine, ma jambe venant emprisonner le corps de mon succube entre mes reins.

Je sentais un feu palpitant me brûler le bas-ventre, appelant à une délivrance jouissive et rapide. J’étais incapable de lui résister encore plus longtemps, maintenant que j’avais abandonné la raison pour la folie. Alors que ses doigts agiles partaient explorer mes seins, je refusai de lâcher la chair de ses lèvres, mes mains s’acharnant à défaire le bouton de son jean.

Je n’avais jamais fait ça, mais je m’en moquais éperdument. Je voulais sentir combien elle me désirait, je voulais être certaine que malgré ses railleries, malgré son ascendant sur moi, nous étions à présent sur un pied d’égalité. Aussi perdues dans nos émotions, aussi prises par ce désir brutal, enivrant et inconcevable, qui n’appelait qu’à être assouvi.

Ses mains parcouraient mon corps sans relâche, me donnant la sensation qu’elles étaient partout à la fois. Ma peau n’était plus qu’un essaim brûlant et bourdonnant, dont les résonances me parasitaient le cerveau, embrumé par l’exaltation de tous mes sens. Plus rien n’avait d’importance, nous étions seules au monde, abritées de tous par l’antre sordide et humide du bunker.

Autour de nous, le vent hurlait sa douce complainte, tournoyant comme une toupie autour de la bâtisse qui accueillait nos ébats. La mer, déchaînée, parvenait à lancer ses gigantesques vagues jusqu’en haut de la falaise abrupte sur laquelle nous étions perchées, laissant s’infiltrer de l’eau iodée sur le sol boueux et feuillu. L’odeur de la marée m’emplissait les narines, mêlée à la fragrance du corps que je serrai convulsivement contre moi.

Complètement égarée dans mes émotions, je n’avais plus conscience des agissements des mains de Thi sur mon corps. Surprise, je n’eus d’autres possibilités que de quitter ses lèvres gonflées lorsque je la sentis brutalement en moi, laissant s’échapper un gémissement expressif, tandis qu’elle s’acharnait en mon sein en une délicieuse bestialité.

Je perdis toute notion du temps et de l’espace. Ce fut sans réfléchir que j’imitai les gestes de mon amante, accueillant avec un sourire victorieux un soupir identique au mien.  Le plaisir, telle une lame de fond, s’emparait de mon corps à une vitesse vertigineuse, dans lequel je m’oubliais. Mes seules préoccupations étaient ma quête effrénée d’oxygène, et combien j’aimais la sentir là, contre moi, au fond de moi, tremblante et fragile sous l’assaut de mes attentions.

_ Je t’aime.

La phrase avait franchi mes lèvres entre deux souffles, sans la moindre barrière, sans la moindre conscience. Je savais que nous nous connaissions à peine, mais à cet instant, alors qu’elle me faisait l’amour comme si sa vie en dépendait, alors que le béton froid et humide du bunker me griffait le dos, alors que mon corps tremblait à l’approche de l’orgasme, alors que mon mari se rongeait les sangs à quelques mètres de là, rien ne me semblait plus vrai que ces trois petits mots.

Thi y répondit en posant brutalement ses lèvres sur les miennes, pour un baiser maladroit et fiévreux, nos poumons cherchant le maximum d’air possible. Et ce fut en cet instant presque magique que nos deux corps explosèrent, nos souffles erratiques se mêlant l’un à l’autre, nos yeux se soudant, chacune tentant de soutenir l’autre de ses jambes tremblantes. 

Nous restâmes un moment ainsi enlacées, essayant de reprendre nos esprits et notre respiration. Ce ne fut qu’après quelques minutes silencieuses que Thi se détacha de notre étreinte, réajustant ses vêtements. Pour ma part, je demeurai appuyée au mur, refermant consciencieusement mon pantalon, tentant d’occulter l’effroyable culpabilité qui me martelait les côtes en prenant conscience de ce qu’il venait de se passer.

Je l’avais fait. Je m’étais laissé embraser le corps, je m’étais comportée comme la dernière des nymphomanes, incapable d’y opposer ma raison et mes principes. Et en plus de ça, totalement contrôlée par mes hormones, j’avais prononcé cette phrase, la douce phrase, celle que j’avais juré devant le maire de réserver à mon mari, sans la moindre raison. Je venais de jeter aux ordures toutes les promesses que j’avais faites, toute ma vision de qui j’étais, et tout ça pour quelques minutes de sexe dans les bras d’une inconnue. Une partie de jambes en l’air qui laissait derrière elle un goût amer, malgré les frissons de plaisir qui me parcouraient encore les membres. Je laissai ma tête partir en arrière contre le mur, le corps épuisé et l’esprit complètement retourné. Une larme s’échappa de mes paupières que je fermai aussitôt, tentant de contenir le dégoût profond qui montait en mon sein.

Je sursautai légèrement en sentant la caresse d’un doigt effleurant ma joue, essuyant l’humidité qui y dévalait sans retenue. Je rouvris les yeux pour voir Thi, cette femme diabolique, cette femme qui était parvenue à m’empoisonner l’existence, le visage éclairé par un sourire compatissant et attendri.

_ Tu vas encore avoir besoin d’un petit peu de temps avant de comprendre qui tu es, me dit-elle d’une voix posée, comme si elle lisait dans mes pensées.

Incapable de répondre, je hochai simplement la tête, posant délicatement ma joue contre sa paume. J’avais un besoin incommensurable de tendresse et de réconfort, et après ce qui venait de se passer, je n’étais plus à ça près.

Je lui saisis la main et l’attirai vers moi, ma peau sollicitant encore la sienne plus que de raison. Ce fut sans réfléchir un seul instant que je me blottis dans ses bras, ne cherchant pas son accord. Je savais déjà que je ne la reverrai probablement plus après ça, et je voulais profiter encore un peu de sa chaleur, de son odeur. Le retour à la réalité m’effrayait et il me semblait vital de me repaître encore un peu de ce nous balbutiant qui s’achevait déjà.

Je ne lui tenais pas rigueur de m’avoir attirée dans ses filets. Inconsciemment, j’en étais déjà prisonnière depuis bien longtemps et j’avais beau repousser cet instant le plus possible, cela faisait longtemps que je connaissais cette fin inéluctable. Elle pouvait bien me paraître improbable, irréaliste, j’avais toujours su qu’elle me rattraperait un jour ou l’autre. Et étrangement, mon cœur était lourd de remords, mais je n’avais par contre aucun regret.

Elle s’écarta alors doucement, un sourire léger sur les lèvres. Elle serra un instant mes mains dans les siennes, me communiquant ainsi tout ce qui ne pouvait se dire. Une forme de remerciement, et d’encouragement. Peut-être était-ce prétentieux de ma part, mais je savais que je n’étais pas une conquête d’un soir pour elle. Que j’étais plus que ça. Et qu’elle ne m’oublierait pas. Après avoir sondé mes yeux un moment, elle relâcha la pression sur mes paumes et tourna les talons vers la sortie, sans un mot.

_ Attends ! m’exclamai-je. Où vas-tu ?

Elle s’arrêta sur le pas de la porte, se retournant sans se départir de ce léger sourire, le regard brillant d’une lueur que j’étais incapable de définir. Dehors, le vent continuait sa fulgurante mélodie, mais la pluie ne résonnait plus contre les parois fissurées. Elle demeura là, dans la flaque saumâtre qui s’écoulait de la descente boueuse menant au bunker. Elle m’observa en silence, ses yeux cherchant à graver dans son esprit l’image de mon corps encore vibrant de nos ébats, appuyé sur ce mur froid, humide et sordide.

_ Tu m’as posé une question l’autre jour, murmura-t-elle lentement. Thi est le diminutif de Thiléli.

Je haussai un sourcil, incapable de comprendre le lien avec ma demande précédente. Voyant que je ne réagissais pas à sa déclaration, elle revint dans ma direction. Elle ramassa mon blouson au passage et me le tendit, sans se départir de son sourire.

_ C’est berbère. Ça signifie liberté.

Elle plaça alors sa main sur ma nuque et attira mon front vers elle, y déposant un baiser appuyé. Je fermai les jeux, savourant la dernière étreinte de mon amante.

_ Je suis libre, Léa. Et toi, tu commences tout juste à scier tes chaînes.

Elle s’écarta de moi lentement, une douce lueur sur le visage tandis qu’elle me regardait droit dans les yeux.

_ Tu verras que le jeu en vaut la chandelle.

Ce fut sur cette phrase énigmatique qu’elle s’en alla, me laissant perdue contre le mur du bunker, le cœur lourd et brisé, tentant de lier ces derniers instants avec ma réalité.

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