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Petits écrits de la Main Gauche
Informations aux lecteurs

Samedi 18 novembre 2023 :

PUBLICATION DU TOME 1 DE CAUGHT IN THE MIDDLE LE 18 NOVEMBRE 2023
Pour s'y retrouver avant la lecture : Avant-Propos The Legend Of Zelda

- Caught in the Middle (fanfiction du jeu Zelda Breath of the Wild) =>
T2 achevé ; T3 en cours d'écriture.

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18 novembre 2023

Epilogue

Impa sauta prestement au dessus des ruines du rempart et se laissa retomber accroupie à l’abri des pierres écroulées. Dans la seconde qui suivit, trois tirs de gardien explosèrent contre le mur, leurs impacts si proches qu’Impa ressentit leur chaleur sur sa peau. Profitant du temps de recharge de son assaillant, elle se redressa en titubant. Le bruit strident de son viseur lui vrillait les oreilles en un compte-à-rebours mortel. Il fallait qu’elle s’éloigne de lui le plus vite possible. Elle n’avait plus la force de le combattre.

Sans arrêter sa course erratique, elle usa de ses dernières ressources, appela le pouvoir sheikah, puis s’élança. Son pas se fit soudain plus léger, plus rapide et la guerrière se transforma en une trainée blanche et rouge qui serpenta avec aisance à travers les nuées d’ennemis qui avaient envahi les abords de la Citadelle.

Alors qu’elle parcourait la Plaine d’Hyrule à une vitesse impossible, Impa s’autorisa quelques sanglots blessés. Tout autour d’elle n’était plus que cendres, cris, sang et larmes. Les monstres dansaient autour des familles effrayées, les gardiens brûlaient tout sur leur passage. Hyrule était à feu et à sang. Détruite.

Dépêche-toi, petite soeur, implora-t-elle intérieurement. Fais vite, ou il n’y aura plus rien à sauver.

La grande muraille du Plateau du Prélude se découpa enfin sur l’horizon. Large ceinture de pierre de plus de quinze mètres de haut, massive, impénétrable, elle protégeait le Plateau qui, selon la légende, avait été la dernière demeure d’Hylia. Seule une percée à sa base en permettait l’accès depuis la plaine d’Hyrule, vers laquelle Impa se précipita.

Aux abords de la muraille, les combats faisaient rage. Une poignée de guerriers sheikah y virevoltait avec adresse, exterminant tous les monstres qui croisaient leurs lames. Mais cela ne suffisait pas, ne suffisait plus. L’afflux des créatures était titanesque, galvanisés par la disparition des dernières résistances hyliennes, attirés par le pouvoir du Plateau comme des abeilles par un filon de miel.

Le coeur d’Impa se serra en découvrant les splendides portes couvertes de feuilles d’or affaissées, piétinées. Plus rien n’empêchait les monstres d’envahir le Plateau d’Hylia, à part la détermination de son peuple. Déjà, quelques ennemis parvenaient à passer à travers le mur de guerriers et remontaient le Grand Escalier en grognant. La guerrière gravit les marches à son tour.

Impa !

Dès qu’elle vit sa soeur apparaître dans son champ de vision, la sheikah ralentit sa course avant de s’écrouler, épuisée. Pru’ha se précipita vers sa cadette, palissant en remarquant la traînée de sang qui maculait son bras et son souffle erratique.

Nom d’un ouistiti, Impa ! grogna-t-elle, dissimulant sa crainte derrière ses éternelles bougonneries. Dans quel état t’es-tu mis ?

Ignorant sa remarque, Impa accepta l’appui de son bras d’un regard trouble.

Tu as réussi ? croassa-t-elle, rampant sur le côté de l’escalier.

Il est dans le Sanctuaire, répondit Pru’ha en s’accroupissant à ses côtés. Mais il y a trop de monstres, nous n’arriverons jamais à les retenir !

Il faut les en empêcher.

Pru’ha scruta un instant les traits décidés de sa soeur et n’eut aucune difficulté à deviner sa pensée. Agacée, elle secoua la tête à la négative, ses lunettes tremblantes sur son petit nez fin.

Ouistiti ! C’est stupide, Impa ! Regarde dans quel état tu es ! Tu es incapable de soulever une brindille !

La guerrière redressa la tête d’un air décidé malgré son teint crayeux et son souffle court.

Pas moi. Toi.

Moi ? Impa, je ne maitrise même pas un dixième de la magie sheikah !

Sa cadette s’empara de sa main et la serra avec force. Dans ses yeux, une détermination féroce luisait.

Fais-le, Pru’ha. Pour notre salut à tous. Ils ne doivent pas l’atteindre.

Et la princesse ?

Elle fera ce qu’il faut. Comme toi.

Pru’ha ferma les yeux. La crainte palpitait dans sa poitrine. Nom d’un ouistiti, elle était une scientifique, pas une guerrière !

Une brise lourde de cendres balaya les mêches échappées de son chignon défait depuis longtemps. Elle était épuisée, ses mains tremblaient. Réussir à amener Link jusqu’au plateau à travers la plaine envahie de monstres n’avait pas été facile. Elle ne voulait pas penser au nombre de ses compatriotes morts pendant qu’elle activait le Sanctuaire. Trop, c’était tout ce qu’elle savait. C’était toujours trop.

Elle rouvrit les yeux, remonta ses lunettes aux verres rendus presque opaques, et observa l’état déplorable de sa soeur. Elle si fière, si combattive, était rendue si faible qu’elle ne comprenait même pas comment elle avait pu rejondre le plateau depuis la citadelle. Son kimono était couvert d’entailles sanguinolentes et de poussière, la plaie de son omoplate déversant plus de sang que n’importe qui pouvait en perdre.

Si elle survivait, jamais sa petite soeur ne se remettrait de cette bataille.

Le regard de Pru’ha glissa ensuite sur l’arche béante du rempart, unique faille à la muraille imposante qui portégeait le Plateau. Des nuées de monstres et de gardiens affluaient dans la Plaine et le sang des guerriers sheikahs ne cessait d’abreuver la terre d’Hyrule. Elle se retourna, vit quelques créatures poursuivre leur ascension en direction du Temple du Temps. Une poignée de gardiens, placée là par les hyliens eux-mêmes avant leur corruption, tiraient aveuglément sur tout ce qui bougeait.

Il fallait les arrêter. Elle devait les arrêter.

Pru’ha ferma les yeux et tendit les mains vers le Grand Escalier. Entouré d’épaisses murailles, de statues et de colonnes gigantesques, il reliait la Plaine d’Hyrule au Temple du Temps depuis le fond des âges.

Il ne le ferait plus.

Le sol se mit à trembler. Un peu. De la sueur dégoulina sur les tempes de Pru’ha, et elle sursauta lorsqu’une main glacée enserra la sienne. Une vague de puissance en émana, chaude et réconfortante, et Pru’ha exulta intérieurement. Elle savait qu’Impa puisait dans ses dernières forces pour l’aider, qu’elle mettait sa vie en danger. Mais par Hylia, ce que la magie des sheikahs était puissante chez elle !

Les secousses devinrent soudain exponentiennelles, si massives que même les gardiens interrompirent leur massacre, s’efforçant de rester debout sur leurs bras métalliques. Heurtés par la vague de magie, les piliers et les statues s’écroulèrent sur eux-mêmes en un grondement terrifiant. La terre s’eventra, le Grand Escalier se déchira dans toute sa longueur. Les murs qui l’assiégeaient tremblèrent, se disloquèrent. Une cascade de terre, de sable et de poussière s’en écoula, emportant avec elle pierres et statues dans un éboulement dantesque, sous lequel disparurent quelques monstres imprudemment restés là.

Puis tout s’arrêta.

Dans le silence qui s’en suivit, les survivants du séisme se redressèrent d’un air éberlué. Plus aucun son n’émanait de la plaine en contrebas. Plus de combats, plus de cris. Plus de monstres. L’amas de gravats créé par le séisme avait bouché la porte du Plateau du Prélude.

OUIST…

Un gigantesque éclat de lumière interrompit l’exaltation de la scientifique. Un grondement monstrueux raisonna à travers tout Hyrule à les rendre sourd. Les deux soeurs se tournèrent ensemble vers le château. Au milieu des nuages noirs de corruption, une lumière aveuglante et palpitante émanait de la salle du trône.

Zelda…, souffla Impa avec émotion.

À chaque battement, le coeur lumineux semblait grossir un peu plus. Il s’élargit, s’élargit, engloba la plus haute tour de la Citadelle, puis une autre, suivi des appartements de la princesse. Les deux sheikahs plissèrent les yeux et portèrent un bras à leur front, leur rétine brûlée tant l’éclat était intense. Alors le coeur lumineux explosa brutalement en un craquement à déchirer les montagnes, ses rayons brisant les vitraux de la Citadelle pour traverser Hyrule de part en part.

Au même moment, la terre du Plateau se mit à trembler à son tour, et les deux soeurs échangèrent un coup d’oeil inquiet. Un vif éclat bleuté ramena leur attention un peu plus haut dans la montagne. Un rayon de lumière turquoise, typique du pouvoir des anciens sheikah, se propulsa à son tour à travers la Plaine depuis les portes du Sanctuaire de la Renaissance.

Les deux rais lumineux se jetèrent l’un contre l’autre au milieu de la Plaine d’Hyrule. Le bleu et le blanc s’enlaçèrent, avidement, passionément. Dans une danse aveuglante et féérique, ils s’entremêlèrent au point de ne plus pouvoir les dissocier l’un de l’autre. Ensemble, ils s’élevèrent de plus en plus haut dans le ciel pour toucher la couche de nuages corrompus, où ils explosèrent avec fracas dans un feu d’artifice bleu et or.

Le souffle brûlant de la déflagration balaya la Terre d’Hyrule, d’Akkala en Gerudo, d’Hébra en Firone. Les arbres se couchèrent, les rivières se cambrèrent, et les nuages reculèrent. Affolés, les monstres se mirent à courir pour fuir la lumière dévastatrice, mais ce fut vain. Touchés par les rayons lumineux, ils s’évaporèrent sans un bruit, et les gardiens, eux, s’affaissèrent sur leurs pattes métalliques. Éteints.

Puis tout s’arrêta, aussi brutalement que tout avait commencé.

Impa et Pru’ha se redressèrent, les cheveux désordonnés et le regard perdu. Leur attention se reporta spontanément sur le Sanctuaire palpitant maintenant d’un léger éclat bleuté, puis sur la Citadelle, au loin, où le coeur blanc avait quant à lui disparut. Plus aucun nuage noir n’était visible à l’horizon. Le soleil, encore timide, s’efforçait de transpercer des cumulus à présent blancs, et peu menaçant.

Elle l’a détruit ? demanda timidement Pru’ha.

Impa secoua la tête à la négative. Elle sentait que ce n’était pas la fin, que l’histoire était plus complexe que cela. Zelda, aussi puissante fut-elle devenue, ne pouvait pas réussir seule. Pas sans son chevalier à ses côtés.

Comme pour confirmer ses doutes, un hurlement strident retentit à travers la plaine. Les vapeurs méphitiques de Ganon s’élevèrent à nouveau de la salle du trône, ses petits yeux rouges scrutant les alentours avec rage.

Son regard se fixa sur le Plateau. Plus particulièrement, sur la lumière palpitante du Sanctuaire.

Il s’élança dans un nouveau hurlement, mais fut brutalement arrêté dans un éclair lumineux. Ganon se redressa et observa l’espace autour de lui d’un air incrédule. Il n’y avait rien. Il s’avança à nouveau.

Il se fracassa contre le vide.

Elle l’a scellée, souffla Impa. Elle l’a condamné au sein du château !

Le Fléau hurla de rage. Il tournoya dans tous les sens autour de la Salle du Trône, cherchant désespérément une issue à sa prison invisible. À chacune de ses tentatives, un nouvel éclat de lumière blanche traversait la plaine.

Le regard d’Impa se tourna vers le sanctuaire. L’éclat bleuté palpitait toujours, comme un appel désespéré. Mais de l’autre côté de la Plaine, le coeur blanc ne lui répondit pas.

Peu à peu, la lueur du Sanctuaire s’estompa, comme résignée, avant de s’éteindre complètement. Ganon, hurlant sa frustration et sa colère à la face du monde, se précipita dans le coeur de la citadelle et y disparut à son tour.

Le silence nimba la Plaine d’Hyrule. Un silence comme il n’y en avait plus eu depuis l’avènement du Fléau. Le soleil perça enfin la couche nuageuse, éclairant subrepticement les flèches à moitié écroulées de la Citadelle détruite.

OUISTITIIII !!! s’exclama Pru’ha avec ferveur. On est sauvés ! Plus de monstres, plus de gardiens !

Pour l’instant, répondit tristement Impa à ses côtés.

Sous le regard interloqué de sa soeur, la guerrière se releva souplement, sans la moindre grimace douloureuse.

Impa ! Ton… ton bras !

Vaguement intriguée, la sheikah porta son attention sur son épaule, remua son articulation. Bien que ses traits demeurent pâles et tirés par l’épuisement, elle ne souffrait plus : la lumière avait guéri son bras meutri. Mais au lieu d’exulter, le regard d’Impa se voila davantage de tristesse et de mélancolie.

Merci, petite soeur…

Ganon va trouver un moyen de réveiller ses sbires, Pru’ha, dit-elle en occultant sa guérison miraculeuse. Il est toujours en vie, il ne faut pas négliger son pouvoir. Zelda ne nous a offert qu’un répit le temps que son chevalier guérisse. S’il ne se réveille pas à temps…

Sa voix se brisa. La scientifique vit une larme couler sur la joue de sa soeur, ses yeux noirs rivés sur les ruines du palais partiellement détruit.

Elle s’est enfermée avec lui, Pru’ha, gémit Impa dans un sanglot étouffé. Elle s’est elle-même emprisonnée avec ce monstre. Pour nous sauver tous !

Voir l’inébranlable guerrière pleurer la Princesse Royale condamnée remua profondément la scientifique. Elle savait le lien qui unissait Impa à la princesse, un lien fort, plus peut-être même que celui qu’elle partageait avec elle, son propre sang. Sûrement même.

En un éclair poignant, Pru’ha se remémora l’instant où elle avait compris que sa soeur, cette petite soeur qu’elle aimait autant qu’elle l’agaçait, était destinée à devenir la nouvelle protectrice de la future prêtresse d’Hylia. Pru’ha avait beau être l’aînée, elle n’avait jamais montré le moindre talent pour la magie sheikah, et encore moins pour le maniement des armes. Impa, elle, était puissante, vive, athlétique, intelligente, enjouée, et tellement, tellement plus sage qu’elle…

Pru’ha se souvint également de sa peur, de sa terreur à l’idée du danger qu’allait encourir sa petite soeur pour accomplir sa destinée… et de sa résolution à mettre tout son talent et tout son savoir dans l’unique but de l’aider à en sortir saine et sauve. Il y avait déjà eu tellement de présages annonciateurs de la résurrection de Ganon que pas un instant Pru’ha n’avait douté que sa soeur dusse y faire face. Prometteuse, l’ascension de la jeune sheikah avait été fulgurante, tout comme son épanouissement aux côtés de la princesse, loin de celle qui avait partagé son enfance. La supplantant en toutes choses, sans jamais l’écraser.

Mais en cet instant dramatique, Pru’ha redevenait l’aînée, la grande soeur. Celle dont le rôle était de consoler et de soutenir la plus jeune, de l’aider à panser ses blessures.

Nom d’un ouistiti, Impa, s’exclama-t-elle alors en y mettant toute sa ferveur, Link la libèrera, c’est évident ! Il la libèrera et nous l’y aiderons !

Le dos raide, le pas décidé, elle s’éloigna en direction d’un gardien affaissé, et posa une main possessive sur le matériau noir qui le constituait.

Je vais recréer le laboratoire et rassembler tous les scientifiques sheikahs survivants ! Nous reprendrons nos recherches, ouistiti ! Nous passerons le reste de notre existence à créer tout ce qui pourra aider Link dans sa quête. Nous n’aurons de répit qu’une fois que le Héros se dirigera à nouveau vers la citadelle, l’Epée de Légende au poing, et qu’il réapparaîtra aux yeux de tous avec la Princesse Royale à son bras ! J’en fais la promesse solennelle !

Les propos exaltés de Pru’ha mirent suffisamment de baume au coeur d’Impa pour lui arracher un sourire. Puis, épuisée, elle embrassa du regard les décombres de la Plaine d’Hyrule. Le ciel était clair et lumineux, dégagé des pluies de cendres et des nuages corrompus, révélant l’ampleur de la destruction : car des constructions hyliennes, il ne restait rien.

Tu as raison, Pru’ha, acquiesça-t-elle doucement. Le rôle du peuple sheikah n’est pas terminé. À présent, nous devons préserver Hyrule en attendant les réveils des Héros. Et nous y veillerons. J’y veillerai, comme Zelda me l’a demandé…

Elle s’avança en direction de la citadelle, le vent frais enlaçant ses longs cheveux blancs autour de son visage couvert de cendres. Un oiseau chanta doucement à ses côtés et Impa inspira profondément l’air encore chargé de poussière. Elle sentait la pulsation de la vie qui s’éveillait à nouveau, inlassable, immuable.

Et de chaque côté de la Plaine, les Héros veillaient sur cet élan vital, et attendaient leur heure.

Ils s’attendaient.

Oui, je t’attendrai, petite soeur, souffla à nouveau Impa à la citadelle endormie. Je vous attendrai tous les deux.

 

FIN DE LA PREMIERE PARTIE

 

 

 

Remerciements : A Kelsey-Jae, sans qui je ne serais pas et qui a repris son poste de bêta après tant d'années... et à Rinkuto, qui sans le savoir, avec ses vidéos et théories très travaillées, m'a fait voir plus loin que le simple jeu vidéo. Sa page ici. Et enfin, à vous tous, les lecteurs, nouveaux ou anciens, qui liront les folies qui sortent de ma tête !

Et enfin, comme d'habitude, la musique qui m'a accompagné pendant toute l'écriture des trois tomes de Caught In The Middle :

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