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Petits écrits de la Main Gauche
Informations aux lecteurs

Samedi 18 novembre 2023 :

PUBLICATION DU TOME 1 DE CAUGHT IN THE MIDDLE LE 18 NOVEMBRE 2023
Pour s'y retrouver avant la lecture : Avant-Propos The Legend Of Zelda

- Caught in the Middle (fanfiction du jeu Zelda Breath of the Wild) =>
T2 achevé ; T3 en cours d'écriture.

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20 mars 2015

C'est moi, Julia - Chapitre 9

Assise à mon bureau, j’ouvris l’agenda informatique de l’entreprise, afin d’étudier combien de chantiers nous pouvions effectuer par an. Je remontai donc, mois par mois, additionnant, calculant des moyennes.

Mais surtout, au fur et à mesure que je retraçais les mois précédents, je faisais inconsciemment le parallèle avec le cheminement de ma propre vie.

Aujourd’hui, cela faisait une semaine que j’étais sans nouvelles de Morgane. Une semaine depuis qu’elle avait embrasé mon corps de ses baisers, et mon esprit de ses mots si tendres.

Elle m’avait prévenue. Elle ignorait comment est-ce qu’elle réagirait le lendemain matin. Au moins j’étais fixée. Et déprimée.

Je ne savais rien de plus d’elle, elle s’était bien gardée de se dévoiler. Je n’avais aucun moyen de la contacter, je ne savais pas où elle vivait, je ne savais pas ce qu’elle pensait, je ne savais pas qui elle était. Je savais uniquement que l’absence de ma petite brune dans ma vie me tuait à petit feu.

Toutes mes pensées étaient tournées vers elle, tous mes rêves étaient remplis d’elle. Le goût de ses lèvres me brisait, le toucher de ses mains me déchirait car tout n’était que souvenir.

Je comptais les jours et les heures, mes nuits étaient longues et vides.

Mais qui était-elle donc à la fin ? Que me voulait-elle donc ? Qui était cette femme si envoutante, cette femme dont j’étais totalement éprise mais qui me flagellait de l’intérieur ?

A toutes ces questions, une seule réponse me venait à l’esprit, m’apaisant.

C’était Elle. Rien qu’Elle. Et je ne savais pas ce qu’Elle voulait, mais moi je La voulais Elle.

Et j’attendais.

Le dimanche soir, je me plantais devant un film américain insipide, espérant m’y vider la tête. Noël approchait à grand pas, et moi qui m’en réjouissais, elle avait réussi à me rendre morose. J’avais passé ma semaine à éviter Marie, qui me connaissait beaucoup trop pour que je parvienne à donner le change quant à mon humeur. Je ne lui avais rien dit de ma soirée avec Morgane. C’était notre petit jardin privé. Personne ne pouvait rien que l’effleurer.

Au cours de la soirée, la sonnette de la porte d’entrée retentit. Je soupirai en imaginant déjà une Marie agacée par mon silence, qui déboulerait chez moi et parviendrait, comme d’habitude, à découvrir tous mes tourments.

Je me redressai donc, résignée, et me dirigeai vers la porte dont la sonnette se faisait à nouveau entendre.

Sans même me laisser le temps d’ouvrir la bouche, Morgane se rua dans mon intérieur sans demander son reste, à ma grande surprise.

Abasourdie, je refermai délicatement la porte, les sourcils levés. Je levai les yeux vers elle et la vis droite et raide dans mon salon, ses grands yeux bleus brillants de rage. Cette vision me fendait le cœur, d’autant plus que je m’en savais être la responsable à coup sûr.

Voyant qu’elle ne semblait pas prête à prendre la parole, je risquai un petit « bonjour » anodin en m’approchant d’elle prudemment. Cela suffit à ce qu’elle se déchaîne.

_ Ne m’adressez pas la parole, claqua son ton cinglant.

Je m’arrêtai, complètement perdue. J’ignorai ce que j’avais bien pu faire pour provoquer une telle réaction, mais le retour du vouvoiement me brisa complètement. Seulement, il était hors de question de la laisser faire, de se comporter comme si notre étreinte n’avait pas existé.

_ Hum, tu rentres chez moi comme une tornade et je ne dois pas te parler ?

Elle se retourna brusquement, son regard bleu devenu noir, le visage de marbre glacé, le corps tendu à l’extrême. Elle s’avança vers moi d’un air menaçant en se lançant dans une diatribe rageuse d’une voix presque posée.

_ Je ne tolèrerai pas que vous soyez toujours aussi omniprésente dans un coin de ma tête. Il est impossible que vous me hantiez ainsi. Sortez de ma vie.

Je reculais devant cet accès de froideur, de colère. Morgane était devenue complètement inaccessible, en contraste total avec la chaleur dont elle avait pu faire preuve auparavant.

_ J’ai sacrifié tout ce que j’avais pour en être là où j’en suis. Vous, vous arrivez et foutez tout en l’air sans vous soucier des conséquences. Je refuse de voir tous mes sacrifices réduits à néant parce que vous êtes entrée dans ma vie.

Elle s’installa calmement dans le canapé, rayonnant d’une aura glacial et pénétrante. Je regardai la scène, éberluée, désarçonnée. Je me sentais totalement impuissante face à tant de contrôle, de mépris et blessée d’en être responsable mais non coupable.

Et moi tout ce que je comprenais, c’était que malgré notre dernière soirée, elle n’avait toujours pas accepté ses sentiments. Elle se battait corps et âme contre ce démon qui la dévorait de l’intérieur, moi. Je n’arrivais pas à en comprendre le sens. Elle savait ce qu’elle désirait, elle savait que se battre contre la faisait souffrir, pourtant elle n’abandonnait pas. Etait-elle donc si homophobe ?

Je m’effrayais à cette idée. Si s’en était vraiment la raison, toute cette histoire allait devenir extrêmement compliquée et, j’en avais bien peur, effroyablement malsaine.

Hésitante, j’attendis quelques temps avant de prendre la parole, tant elle semblait si inaccessible en cet instant.

_ Morgane, je t’avoue que je ne te comprends plus. Je ne sais plus quoi penser entre la fois dernière et ce soir. Je ne sais plus ce que je dois croire. Mais je ne suis pas responsable de ce que tu ressens, je ne l’ai pas provoqué. C’est ainsi, c’est tout. Tu n’as pas à m’en rendre responsable, surtout que dans l’histoire, je souffre probablement autant que toi.

Elle poussa un soupir en se frottant le front, comme si cette conversation la fatiguait déjà.

_ Vous ne comprenez donc pas… Je ne peux pas.

_ Mais pourquoi ? Comment voulez-vous que je comprenne alors que vous ne m’expliquez rien ?

Mon agacement retentissait dans ma voix. Sans pouvoir le contrôler, je m’étais calquée sur son vouvoiement, signant d’ores et déjà ma reddition. J’avais l’impression de revenir au point de départ, le cœur lourd de désespoir.

_ Il n’y a rien à comprendre, affirma-t-elle d’une voix claire.

J’explosai en me levant.

_ Vous croyez que je vais vous laisser apparaitre et disparaitre de ma vie sans cesse ? Me remplir le cœur d’espoir pour le briser en toute impunité ? Vous êtes allée beaucoup trop loin pour espérer vous en tirer sans rien expliquer ! Je ne suis pas un mouchoir sale qu’on jette puis qu’on reprend ! J’ai le droit de comprendre !

Morgane resta confortablement assise sur le fauteuil où elle s’était installée, répondant avec calme et pragmatisme.

_ Vous ne voyez pas que tout joue contre nous ? Vous ne voyez pas que c’est un rêve puéril et sans avenir ? Et qu’il y a beaucoup trop d’enjeux pour le vivre impunément ?

_ Mais quels enjeux ? Le seul que je vois c’est une belle jeune femme qui m’attire ! C’est à cause de votre mari et de votre fille c’est ça ?

Elle posa directement le regard sur moi, la surprise marquant ces traits rigidifiés.

_ Mais je ne suis pas mariée… Et je n’ai pas non plus d’enfant… enfin pas vraiment.

_ Pas vraiment ? fis-je, interloquée par cette réponse insensée.

_ C’est compliqué, soupira-t-elle.

La colère s’amplifia dans mes veines. Je commençais à ne plus supporter ses réponses plus qu’approximatives.

_ Qui étaient ces gens au café alors ? Et je ne supporterais pas une vague réponse.

_ Mon frère, ma mère et la fille de ma sœur.

Je fermai les yeux de soulagement. Je désirais tellement qu’elle cesse d’être si fuyante. La colère commença à s’estomper, lentement, pendant que plusieurs minutes de silence d’écoulaient.

_ Pouvez-vous être sincère avec moi, s’il-vous-plait ?  

Elle haussa les épaules, toujours assise dans le fauteuil avec aise.

_ Essayez toujours.

Je grognai devant sa réponse qui était, je devais le reconnaitre, d’une franchise déconcertante, mais très décevante. 

_ Pourquoi venir ici pour m’incendier alors qu’il vous suffisait de disparaitre dans la nature ? C’est bien que quelque chose vous retient non ?

Elle inspira profondément. Elle se redressa gracieusement, et se dirigea vers la fenêtre. Je me forçai au silence, espérant une réponse plus claire que les précédentes.

Pendant cet instant de calme, je l’observais. Me tournant le dos, j’en profitai pour détailler ses formes délicates. Bien que tendu, son corps tout entier semblait être fait pour l’amour. Pourquoi refusait-elle de s’y abandonner ?

Mon être, lui, criait sa peau, ma bouche désirait ses lèvres, je brulais de sentir son corps contre le mien. Juste la tenir entre mes bras.

Je tressaillis lorsque le tranchant de sa voix s’éleva enfin.

_ Nous avons déjà parlé de ce qui me retient. Je veux… non, j’ai besoin de vous dans ma vie, même si je ne comprends pas pourquoi. Nous nous sommes laissées allée la dernière fois, oui. Mais si ça signifie que vous ayez une emprise sur ma vie, je m’y refuse.

Elle restait face à la fenêtre, moi l’observant. J’écoutai patiemment, le cœur battant, me sentant me briser progressivement. Elle poursuivit d’une voix calme et posée, le ton réfléchi.

_ Et je vous l’ai déjà dit. Cette… situation est loin d’être conventionnelle au regard de mon éducation. Je crois que ce point va me demander un peu de temps d’adaptation.

Elle prit une grande inspiration avant de poursuivre. Pour moi il était évident que plus elle parlait, plus elle me donnerait des explications personnelles. Et je redoutais le pire.

_ Mais au-delà de tout ça… Disons que j’ai beaucoup de responsabilités. Des responsabilités qui ne me permettent pas de vivre comme je le souhaite. Je ne suis pas la seule à en subir les conséquences. Et actuellement, c’est incompatible avec ce qui s’est passé l’autre soir.

Je réfléchis un instant sur ces révélations. Qui n’en était pas en réalité, puisqu’elle était restée particulièrement vague sur le dernier point, et que ce constat je l’avais plus ou moins effectué par moi-même.

_ Ce que je n’oublie pas, moi,répondis-je, c’est qu’on souffre toutes les deux. Nous avons toutes les deux besoin de l’une et de l’autre, on ne peut pas l’ignorer.

Je la vis se passer les mains sur le visage, avant de se retourner pour s’asseoir sur mon canapé. Bien que toujours aussi froide, elle semblait désappointée par la situation.

_ Que proposez-vous ?

_ D’y aller en douceur.

Elle releva la tête, interloquée. Pour moi, la solution était simple, bien qu’elle m’oblige encore à ne pas l’approcher. Mais cela me semblait la plus sage et la plus acceptable pour elle, pour qu’elle cesse de me fuir comme une bête blessée.

_ Quelles sont vos obligations ? D’un point de vue pratique j’entends.

_ Je dois être chez moi tous les soirs. Sans dérogation possible.

Je ne relevai pas qu’elle était actuellement chez moi à minuit passé.

_ Commençons par devenir des amies. Apprenons à nous connaitre. Dépassons définitivement le stade du vouvoiement. Mangeons ensemble certains midis par exemple. Vous avez bien des amies féminines, non ?

_ J’en avais…

Je haussai les sourcils.

_ Comment ça, « avais » ?

Elle haussa les épaules en soupirant, se gardant bien de répondre. Je rongeai à nouveau mon frein, consciente que je ne devais pas la brusquer.

_ Peut-être est-ce la meilleure option, finit-elle par lâcher.

Je m’approchai d’elle et posai ma main sur les siennes. Elle releva la tête en me dévisageant. Son visage paraissait plus serein, mais ses grands yeux bleus étaient interrogatifs. Elle était si belle, si désirable. Une pensée fugitive m’alerta que je venais de livrer mon âme au Diable, sans le moindre regret.  

_ Je vous promets de ne plus rien tenter. Je vous respecte bien trop pour ça. Je ne mords pas, fis-je le sourire aux lèvres.

Et pour mon grand bonheur, en faisant chavirer mon cœur et remerciant la vie d’avoir mis cette déesse blessée sur mon chemin, elle me rendit mon sourire.

Elle partit peu de temps après cela, une fois que nous nous étions fixées un rendez-vous pour le lendemain midi.

Je restai stupéfaite de tout ce qui venait de se produire. Je me sentais pleine de désarroi devant le comportement de ma petite brune.

Je repensai à la perception que j’en avais et comment elle avait évoluée. D’abord une femme forte sur lequel je pouvais trouver tout l’appui nécessaire, aujourd’hui une femme froide et hautaine mais pleine d’indécisions. Une femme des plus complexes, et un mystère que je voulais élucider plus que tout.  

Ce qui ne changeait pas en revanche, c’était que je ne la comprenais pas. Au moins une chose sur laquelle je pouvais m’appuyer.

Je ne comprenais pas non plus ma propre réaction. Cette femme me bafouait, m’insultait, me faisait souffrir, refusait de me parler et pourtant je persévérais, indubitablement, je m’accrochais. La seule chose qui pouvait me pousser à tant d’indulgence face à son comportement devait être la force des sentiments que j’éprouvais pour ce petit bout de femme.

Et ils commençaient à me faire peur.

Je me rendais compte que j’étais monté sur un bateau avarié. De visu, il semblait flambant neuf, mais le bois en était rongé de l’intérieur. Je ne savais pas ce qui avait provoqué toutes ces fissures dans la coque, mais il n’y avait que trois échappatoires : la plus raisonnable, monter dans un radeau et quitter le navire, la plus probable, couler avec le bateau, la plus folle, rester à bord et croire qu’il était assez fort pour atteindre la côte et le réparer.

Mais malgré moi, j’étais tellement attachée à cette épave flottante, qui représentait tant de rêves et d’espoirs, que je prenais sans réfléchir la dernière option. Suicidaire.

Je partis me coucher avec tous ces constats en tête et m’endormis tout de même, épuisée après toutes ces émotions. Ma nuit fut agitée, je me réveillais sans cesse en sursaut, des bribes de rêves noirs devant les yeux qui se dissipaient en vapeur dès que je tentais de les saisir.

Désespérément amoureuse.

C’est moi, Julia.

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Commentaires
E
Je me demande s’il n’est pas arrivé quelque chose à sa sœur et de ce fais, elle s’occupe de sa nièce... et elle a peut être peur de la perturber en se mettant en couple avec une femme... euh je vais Lire la suite sinon mon imagination ne vas pas arrêter ! En tout cas, j’aime bien cette histoire !!
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T
Julia a certainement des tendances suicidaires par ses actes et ses choix.<br /> <br /> <br /> <br /> Accrochons - nous donc, je crois que Claire va nous annoncer 'une tempête Force 9. <br /> <br /> <br /> <br /> Matelots amenez la voilure et préparez les gilets et les canots de sauvetage pour un probable naufrage.<br /> <br /> <br /> <br /> Pauvre Julia.
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C
Pas de problèmes, j'ai l'habitude D: toujours au rendez-vous même si je ne commente pas ! Bonne continuation :)
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C
Ok alors même par internet, j'arrive à dévoiler mon coté boulette... Sorry ! :S Cela dit, j'aime bien en prénom aussi. ;) à demain alors !
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C
Ah ! ce n'est pas un pseudo mais mon prénom en réalité :) Pas de soucis pour l'attente, quand on apprécie réellement, on trouve de quoi s'occuper en attendant !
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