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Petits écrits de la Main Gauche
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Samedi 18 novembre 2023 :

PUBLICATION DU TOME 1 DE CAUGHT IN THE MIDDLE LE 18 NOVEMBRE 2023
Pour s'y retrouver avant la lecture : Avant-Propos The Legend Of Zelda

- Caught in the Middle (fanfiction du jeu Zelda Breath of the Wild) =>
T2 achevé ; T3 en cours d'écriture.

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29 mai 2015

C'est moi, Julia - Chapitre 28

La pluie avait repris de plus belle, s’écrasant contre les vitres de la chambre. Pensive, je contemplais la ville, les toits ruisselants et les rues éclairées. Les voitures étaient rares, et mon attention n’était attirée que par l’arrivée bruyante d’une ambulance dans la cour en contrebas, de temps en temps.

Cela faisait déjà près de deux heures que Morgane s’était endormie dans mes bras. Engourdie par la position et l’étroitesse du lit, j’avais fini par me dégager de son étreinte et m’étais levée. J’avais alors parcourue la chambre du regard, une moue déconcertée sur le visage. Une simple chaise en plastique, sur laquelle reposait les vêtements de Morgane, et le lit composaient tout le mobilier. Etant au service des urgences, il n’y avait même pas de toilettes. Les murs étaient peints d’un rose délavé et sale. Pourquoi s’acharnaient-ils toujours à peindre les hôpitaux des couleurs les plus ternes et déprimantes qu’il soit ?

En tout cas, je n’avais guère d’option : soit je m’asseyais sur le lit, soit je restais debout, soit j’investissais la chaise en plastique. Cependant, au vu de son état, il était à préciser qu’elle n’était guère rassurante : je n’étais pas sûre qu’elle supporte mon poids. Aussi, j’avais pris l’option de me poster debout devant la fenêtre. Et indubitablement, je m’étais mise à réfléchir.

Le déraisonnable espoir que mon simple retour avait permis à Morgane de me revenir m’habitait. Et je tentai vaille que vaille de le repousser. Morgane avait certes été bouleversée. Mais elle était épuisée, probablement sous sédatifs. Je n’étais pas totalement sûre qu’elle ait été véritablement consciente de ce qu’elle faisait ou disait. Il ne fallait surtout pas que je prenne son attitude comme un retournement définitif. Ou je risquais une grande désillusion.

Par contre, je pouvais prendre en compte ce qu’elle avait pu exprimer. Je pensais pouvoir dire, sans trop m’avancer, que se réveiller avec moi qui l’enlaçais l’avait profondément touchée. Elle était alors en prise directe avec ses émotions, à ce que ma présence réveillait en elle. Et qu’avait-elle exprimé ? Du manque, du soulagement, du remord et de la douleur… Tous ces sentiments, bien que d’essence un peu négative, me mettaient du baume au cœur. Au moins maintenant, j’étais persuadée que derrière son enveloppe de glace, elle m’aimait profondément et avait besoin de moi à ses côtés.

Quant à la douleur, je n’ignorais certes pas son existence. Ce qui m’inquiétait davantage, c’était que je n’en avais eu qu’un bref aperçu. Je redoutai le jour où Morgane l’exprimerait pleinement, et où je découvrirai son étendue.

Je m’apercevais surtout du changement dans ma façon de réfléchir au comportement de Morgane. Je ne cherchais plus à essayer de comprendre ou de savoir ce qu’elle ressentait. Je tentai d’identifier les ressentis qu’elle parvenait à m’amener et en prenait compte. J’essayai de savoir ce qui se cachait sous son enveloppe de glace, sans, pour l’instant, lui tenir rigueur de sa froideur. Pour l’instant car je ne l’avais pas encore revue dans cet état d’esprit.  Mais je savais que ça me ferait mal.

Cependant, je prenais chaque ressenti qu’elle parvenait à exprimer comme une richesse sur laquelle je pourrai agir. Je savais que c’était là-dessus que je pourrai la toucher, en appuyant sur ses émotions les plus fortes. J’ignorais encore lesquels et comment, mais je savais qu’elles seraient mes armes face à elle le moment venu. S’il y en avait un… J’avançais vraiment à l’aveuglette, et j’en avais conscience. Mais ça ne m’inquiétait pas plus que ça. A vrai dire, maintenant que j’avais vu combien elle avait besoin de moi, j’avais la conviction que l’on arriverait à s’en sortir. Après, il fallait réussir à ce que ça ne touche pas trop Amélie. Et ça, j’en étais beaucoup moins certaine.

De là découlait immédiatement un autre de mes sujets de réflexion. Comment expliquer mon retour à Amélie, mais également ce qui arrivait à sa tante ? Avant même mon départ, elle s’en inquiétait. Et alors qu’elle ne se sentait pas en sécurité, j’étais partie. Et j’ignorais comment s’était comportée Morgane pendant mon absence. Mais Amélie, je le savais, était loin d’être bête. Je n’étais pas une grande connaisseuse en ce qui concerne les enfants, mais je considérais qu’il était inutile de leur cacher ou même de minimiser la vérité. Pour moi, un enfant était en capacité de comprendre bien des choses, encore fallait-il le lui expliquer avec son vocabulaire et des éléments de son propre monde. Et là, bizarrement, ma résolution tanguait légèrement sur ses bases.

Mes pensées furent interrompues par le grincement de la porte. Je me retournai et vit une infirmière passer la tête dans l’encadrement, me demandant silencieusement de venir. Je  consultai rapidement ma montre : trois heures du matin. Amélie ne devait probablement pas être déjà réveillée. Une petite pointe d’inquiétude me troubla tandis que je m’avançai. J’espérai qu’il ne me demande pas de sortir.

Je refermai doucement la porte derrière moi et me tournai vers l’infirmière avec un sourire. Mes armes de persuasion commençaient vraiment à être faibles avec la fatigue. Il s’agissait d’une petite femme toute sèche, aux cheveux bruns parsemés de gris attachés en queue de cheval. Son regard était bienveillant mais las, et chaque ride représentait chaque nuit de travail et chaque marque d’inquiétude et de stress depuis le début de sa carrière. Je lui donnai près de la cinquantaine, mais elle devait surement être plus jeune.

_ Désolée de vous déranger, mais on vient de se souvenir que vous étiez là depuis plusieurs heures déjà.

Je hochai la tête, attendant la suite. L’infirmière me fit un sourire.

_ On sait bien qu’il y a pas grand-chose pour les visiteurs dans ces chambres, ni dans le service. En même temps, il n’est pas sensé y en avoir n’est-ce pas ?

Elle émit un petit rire, qu’elle étouffa rapidement, un peu gênée. Je la regardais d’un air las, essayant de discerner si elle voulait me renvoyer chez moi ou pas.

_ Le jour où l’administration prendra en compte la réalité du terrain, hein… Bref, mes collègues et moi voulions vous proposer un café et quelques gâteaux dans la salle de repos si vous vouliez. Et après on s’occupera de vous amener quelque chose de plus confortable pour vous installer dans la chambre…

J’ouvris de grands yeux.

_ Je hum… merci beaucoup c’est très gentil, balbutiai-je. Est-ce que vous pourriez m’indiquer les toilettes avant s’il vous plait ?

Elle me montra la porte en question, puis celle de la salle du personnel, avant de me laisser. Alors que je m’apprêtais à passer la porte des WC, elle m’interpella.

_ Comment le café ?

_ Noir et fort, si c’est possible. Merci.

Elle se détourna avec un sourire tandis que je partais me soulager.

J’entrai dans la salle du personnel doucement, un peu intimidée. Quatre infirmières conversaient à une table calmement. Mes papilles fatiguées frétillèrent à l’odeur de café qui embaumait la pièce tandis que je m’avançais. Les femmes se tournèrent toutes vers moi avec un sourire accueillant, et celle qui était venue me chercher poussa une tasse fumante dans ma direction, ainsi qu’un croissant. Je la remerciai chaleureusement avant d’entourer la tasse brulante avec mes mains.

Elles se présentèrent toutes, mais je fus incapable de vraiment retenir les noms. Je me présentai à mon tour, et demandai si c’était une habitude de convier les visiteurs à un café au milieu de la nuit, avec un petit sourire. Ce fut Viviane, l’infirmière qui m’avait accueillie, qui me répondit.

_ Toutes les équipes ne le font pas, et puis, c’est déjà rare que des personnes passent la nuit au chevet de leurs proches dans ce service, ni même dans l’hôpital. Tous les docteurs ne sont pas aussi compréhensifs, et bien souvent, nous sommes si surchargés que nous ne pouvons pas nous le permettre. Mais le docteur Charland est un peu notre savant fou, extrêmement intelligent, bienveillant, détournant certaines règles s’il le juge utile, mais complètement dans son monde, finit-elle en déclenchant un petit rire chez ses collègues.

J’acquiesçai sans un mot, les remerciant d’un sourire. Elles reprirent leurs conversations respectives sans m’en demander davantage, et je leur en fus grée. Bien qu’heureuse de pouvoir déguster un café et quelques viennoiseries au cours de cette longue nuit, je n’avais cependant pas la force d’assurer une conversation badine avec des inconnues. Après quelques minutes, je demandai discrètement à Viviane s’il était possible que je puisse fumer quelque part. Je me sentais un peu mal à l’aise de demander ça après toutes leurs bonnes intentions, mais la réponse de mon interlocutrice me soulagea.

_ Parce que je suis infirmière, je vous dirai que ce n’est pas bon pour la santé, fit-elle avec un sourire malin. Pour le reste, je vous répondrais que la moitié du service fume par la porte de secours au bout du couloir. Mettez la grosse pierre pour l’empêcher de se fermer, ou vous serez coincée dehors. Venez me chercher ici pour qu’on s’occupe de vous trouver un siège décent.

Je sortis donc de la pièce discrètement, parcourut le couloir le plus silencieusement possible, tentant de ne pas renverser ma tasse. Une fois la porte ouverte, je cherchai cette fameuse pierre, et bien évidemment, m’écrasai les doigts en l’installant. J’étouffai un juron pas très recommandable et m’attelai ensuite à noircir mes poumons en toute conscience et avec un plaisir peu dissimulé. Ma consommation avait pris un sacré coup de pied au derrière cette nuit. Je haussai les épaules. J’arrêterai plus tard.

Respirer l’air frais de la nuit me fit le plus grand bien et m’éclaircit les esprits. Je m’interrogeai un instant à propos de Lisiane, me demandant si elle était parvenue à trouver une chambre à cette heure tardive, et si elle parvenait à dormir. Rien n’était moins sûr.

J’avais tout à fait conscience de son angoisse à l’idée de revoir Morgane. Non seulement revoir sa nièce que l’on n’a pas su protéger dix ans auparavant devait être difficile, mais de la revoir, adulte accomplie mais encore en prise avec ses démons, n’allait rien faciliter.

La réalité, c’était que je n’avais aucune idée de la réaction qu’aurait Morgane en la voyant. Surtout si elle était coupée de ses émotions, laquelle aurait-elle derrière sa carapace ? Serait-ce quelque chose que je pourrais exploiter pour briser cette fichue barrière ? Je l’ignorais.

Je m’inquiétais beaucoup pour Lisiane. Cela ne faisait pas vingt-quatre heures que l’on se connaissait, mais je sentais déjà qu’un lien profond nous unissait. A la réflexion, c’était quelque chose d’assez naturel : nous étions liées par l’amour et le besoin de protection que nous avions envers Morgane. Je ne souhaitais pas que mes encouragements à revenir auprès de sa nièce puissent blesser Lisiane. Elle souffrait déjà beaucoup sans cela, elle n’avait pas eu besoin de me le dire.

De plus, elle allait rencontrer Amélie. L’angoisse de Lisiane à ce sujet était tout aussi palpable que celle concernant Morgane. J’étais presque persuadée que la petite fille ignorait l’existence de cette grande tante, mais cela ne m’inquiétait pas davantage. Amélie était une enfant adorable qui pouvait charmer un troupeau de vaches si elle le voulait. Non, ce qui m’inquiétait davantage, c’était l’accumulation de nouveautés et d’informations à gérer pour elle. Morgane qui ne va pas bien, moi qui pars puis qui reviens, sa grand-mère qui cherche à nous l’enlever, et l’apparition d’une grande tante sortie de nulle part. Cela faisait beaucoup de choses que je devrai surveiller, Morgane n’étant pas forcément en capacité de le faire. Il faudrait que je veille à ce qu’Amélie se sente libre d’exprimer ce qui pourrait la tourmenter.

Je poussai un profond soupir et jouai un instant avec l’idée de prendre un congé exceptionnel. Je décidai finalement qu’il s’agissait là d’une échappatoire incontournable, que je devais garder une activité où je n’aurais qu’à penser à moi pour ne pas perdre pied. Ce qui n’aiderait personne. J’écrasai ma cigarette en prenant la résolution d’appeler l’oncle de Marie, indiquant que j’allègerai mon emploi du temps ces prochains temps, après une semaine de congé seulement. Vu le travail que j’avais abattu ces derniers temps, cela ne devrait pas poser de véritables problèmes. Une pensée fugace me rappela de faire attention à ne pas négliger Marie dans la bataille, qui m’avait chaleureusement accueillie ces dernières semaines, ou tout du moins, lui expliquer ce qui se passait.

Ma tête débordait.

Je rentrai à nouveau dans le service et me dirigeai vers la salle du personnel. Lorsque j’entrai, elles n’étaient plus que deux. Viviane se leva tandis que je déposai ma tasse dans l’évier.

_ Venez, on va vous dégoter un fauteuil à installer dans la chambre.

Je les remerciai à nouveau de leur gentillesse et la suivit. Nous entrâmes dans une sorte de débarras où trainaient des affaires de nettoyage, des paquets en tas épars sur le sol et un peu de mobilier. Au fond, trônait un vieux fauteuil aux coussins recouverts de plastiques, dont la mousse s’échappait par endroit.

_ C’est un vieux fauteuil qui servait auparavant pour l’allaitement des jeunes mères dans le service, m’expliqua-t-elle, un luxe que nous n’avons plus. Il traîne là depuis Mathusalem. Il n’est pas très vaillant comme ça, mais il a une manette qui permet de le mettre en position allongée. Vous nous en direz des nouvelles, et s’il est vraiment bien, on le transportera surement dans la salle de repos !

J’émis un petit rire sans vraiment de raison, et l’aida à le porter hors de la pièce. Il était lourd et je devais vraiment demander un effort exceptionnel à mes muscles pour effectuer un tel travail à cette heure. Viviane s’en aperçut et m’indiqua de le poser à peine avions-nous franchi la porte.

_ La vache ! Ils faisaient pas dans le léger, il y a vingt ans !

J’eus un nouveau sourire. C’était agréable d’être avec quelqu’un d’aussi naturel en ces circonstances.

_ Attendez moi là, il est tout poussiéreux, je vais chercher une éponge.

_ Non, ne vous…

Je ravalai mes paroles en constatant que Viviane avait déjà passé la porte de la salle du personnel sans s’inquiéter de mes récriminations. Elle en ressortit avec une éponge, une bassine… et une collègue.

_ Très bien, on va nettoyer ça et vous l’installer.

_ Mais non ! Vous êtes déjà si gentilles avec moi, je ne vais pas vous laisser le nettoyer et le porter en vous regardant ! C’est hors de question !

Mon ton devait être sans réplique possible, mais ma fatigue était si pesante sur mes épaules que ma conviction en était ébranlée. Cependant, Viviane, qui devait être dotée d’un esprit très pragmatique, dénicha la solution sans plus de réflexion.

_ Et bien allez-y, nettoyez-le toute seule, et on vous regarde. Comme ça, vous pourrez nous regarder le porter sans broncher.

Je m’apprêtai à nouveau à rétorquer, trouvant cet arrangement pas très équilibré, quand elle me prit de court.

_ Ecoutez, je vous trouve sympathique et donc je n’ai aucune envie de vous voir faire un malaise en pleine nuit. Et tout ce que vous gagnerez, c’est d’être dans une autre chambre que votre femme, et nous, une bonne houspille par le médecin pour installer un fauteuil hors service dans une chambre en pleine nuit. S’il vous plait, soyez raisonnable…

Je hochai la tête, trop lasse pour continuer, et trouvant qu’au final, son raisonnement était on ne peut plus juste. Après tout, elles étaient si gentilles, je me devais de leur éviter d’être réprimandées par leur hiérarchie parce qu’elles voulaient m’aider.

Je m’attelai donc à passer un coup d’éponge sur l’ensemble du fauteuil, assez rapidement, et arrachai au passage les morceaux de mousse qui dépassaient ici et là. Les deux infirmières y allèrent bon train dans les plaisanteries, me changeant les idées. Lorsque j’eus fini, elles saisirent le fauteuil et je pris les devants pour ouvrir la porte et faire une place pour l’installer le plus rapidement possible. Elles le déposèrent ainsi près de la fenêtre, et s’en allèrent avec un signe de la main. Je les remerciai chaleureusement de tout ceci avant de refermer la porte.

Une fois seule auprès de ma reine endormie, je m’approchai à nouveau d’elle. Elle n’avait que peu bougé depuis mon départ, plongée au pays de Morphée. Je réajustai la couverture sur ses épaules et déposai un baiser sur son front. Je caressai doucement sa joue, un léger sourire trainant sur mon visage.

Je m’installai dans le fauteuil et cherchai la fameuse manette. Lorsque je l’eu trouvée, un grincement inquiétant se fit entendre avant que je ne sois pratiquement propulsée en version mi-allongée. Je calmai mon cœur qui s’était emballé et m’installai en me disant que demain, je n’avais aucune certitude de parvenir à le redresser.

Dommage pour la salle de repos, parce qu’il était tout de même bien confortable. Ce fut ma dernière pensée cohérente avant de plonger dans un sommeil sans rêve, épuisée.

 

****

 

Ce fut une main froide posée sur mon épaule qui me réveilla brutalement d’une forme de torpeur somnolente désagréable. J’ouvris brusquement les yeux pour me retrouver face au visage accueillant d’une infirmière que je ne connaissais pas, se dessinant délicatement dans la pénombre. Mes paupières s’agitèrent compulsivement en tentant de distinguer davantage de sa personne, et remarquai les nounours épars sur sa blouse. Je savais que cette information devait signifier quelque chose pour moi, mais le brouillard noir de mes songes ne permettait pas à mon cerveau de bien remplir son office.

_ Excusez-moi madame, chuchota-t-elle, Amélie s’est réveillée, et le médecin de garde m’a dit de venir vous chercher.

Mes pensées assimilèrent dès lors les nounours à la pédiatrie dans un éclair de génie, et je me redressai brusquement, prête à lui emboiter le pas. Cependant, mes idées embrouillées eurent une hésitation à la vue de la forme délicate enfouie sous les couvertures face à moi. Tentant de prendre sérieusement pied dans une réalité qui n’attendait que moi, j’indiquai à l’infirmière mon souhait d’un échange dans le couloir.

Elle me suivit de l’autre côté de la porte que je refermai délicatement. Je passai mes mains sur mon visage bouffi de sommeil, espérant m’éclaircir les idées.

_ Quelle heure est-il s’il vous plait ?

_ Dans les alentours de quatre heures et demie du matin.

Je poussai un soupir las. Pas étonnant que je me sente si groggy, je n’avais même pas dormi une heure. Je posai les yeux sur les traits patients de mon interlocutrice. Il s’agissait d’une petite blonde toute fine, dont le pyjama ample cachait des courbes qui pouvaient être gracieuses. La tension émanait d’elle à chacune de ses respirations, comme si d’avoir les nerfs à vif lui était aussi vital que l’oxygène. Et pourtant, elle me regardait calmement, attendant que mon temps de préchauffage soit passé.

_ Je suis désolée, la nuit a été longue, lui indiquai-je dans un sourire qu’elle me rendit. Si vous m’expliquez dans l’ordre ce qu’il se passe et ce que l’on attend de moi, je devrai tout de même pouvoir m’en sortir.

Elle émit un petit rire ravissant. Pour ma part, j’étais enchantée que ma tête gonflée de sommeil et mon cerveau ralenti parviennent à faire rire quelqu’un. J’étais peut-être encore à peu près opérationnel après tout.

_ Amélie s’est réveillée il y a une demi-heure en pleurant. Elle a réclamé sa tante bien sûr, et quand on lui a indiquée que Mme Perrière était encore en train de se remettre, elle nous a dit qu’elle voulait sa Tatie Julia, qu’il fallait l’appeler. L’information est donc redescendue jusqu’ici pour savoir si nous connaissions votre existence, et le médecin de garde nous a dit que vous étiez actuellement dans la chambre de votre fiancée. Il a donné l’autorisation de venir vous chercher au vu de la situation.

_ Au vu de quelle situation ? demandai-je, inquiète.

Qu’est-ce qu’il pourrait arriver de plus cette nuit ? L’infirmière eut un nouveau sourire.

_ Amélie a disons… un caractère déjà très affirmé pour une enfant de six ans, fit-elle légèrement.

Je me surpris à pouffer en imaginant très facilement la petite tête blonde en train de faire tourner l’équipe en bourrique tant qu’elle ne m’aurait pas vue.

_ De quoi vous a-t-elle menacée ? m’enquis-je doucement.

_ Oh, de réveiller l’ensemble des enfants du service si on n’essayait pas de vous trouver. Vu que personne n’a cru qu’elle oserait faire ça, elle a commencé à hurler dans son lit en continu. Quand elle a compris qu’on avait réussi à vous joindre, elle a décidé qu’elle suivrait chacune d’entre nous toute la nuit si on ne vous amenait pas ici. Quand elle s’est relevée pour la troisième fois et qu’on la retrouvait à un centimètre de nous dans chaque chambre à claudiquer sur ses deux béquilles, on a décidé de lui dire que celui qui pouvait faire quelque chose, ça n’était pas nous, mais le pédiatre.

Je gloussai à nouveau.

_ Et je suppose qu’elle a su rendre le médecin suffisamment chèvre pour que vous vous retrouviez ici alors que je n’avais pas accès à la pédiatrie.

_ Votre nièce a de l’imagination en la matière, c’est certain.

Je tiquai un instant. Ma nièce… ça n’était pas le cas d’un point de vue biologique, mais d’un abord émotionnel ? Peut-être. Je présentai toujours Amélie comme étant la nièce de Morgane. Mais qu’était-elle véritablement pour moi ? Quel nom donner à notre relation ? Je l’aimais cette tête de mule, ça oui…

J’interrompis le cours divaguant de mes pensées par une simple réflexion… Est-il vraiment nécessaire de donner un nom, une étiquette, à chaque chose ? Je haussai les épaules intérieurement.

Que les gens le nomment comme ils le souhaitent.

_ Et pour Morgane ? Enfin, Mme Perrière… Je pourrai redescendre la voir ?

_ Je ne pense pas que ça posera de problèmes… Tant que le service est calme.

J’acquiesçai silencieusement. Je sentais qu’avec Amélie en haut et Morgane en bas, ma nuit, tout du moins ce qu’il en restait, risquait de se transformer en parcours de santé entre les différents étages.

_ Très bien, si vous avez un papier et un stylo, je vais laisser un mot à Morgane pour quand elle se réveillera. Puis je vous suivrai pour calmer le petit monstre.

L’infirmière me tendit de quoi écrire, où je m’attelais à indiquer amoureusement à Morgane où je me trouvai. Je craignais que mon absence à son réveil ne facilite son retour à l’ère glaciaire, et je souhaitais le freiner autant que possible en transcrivant tout mon amour possible sur… un post-it. Autant dire que la tâche n’était pas forcément aisée, et que je n’avais guère le temps de m’élever aux sphères de Baudelaire ou Hugo en la matière.

Après m’être décidée pour un « Mon amour » et un « Je t’aime » autour du « je suis montée voir Amélie je reviens », je me faufilai dans la chambre sombre. Je déposai mon mot romantique sur sa table de chevet, ainsi qu’une bise appuyée sur le front de ma reine, avant de rejoindre mon guide.

Alors que nous avancions silencieusement dans le couloir, je sentis à nouveau l’adrénaline s’écouler dans mon sang, me réveillant définitivement, à l’idée de revoir Amélie. Semblable à ma fébrilité avant de revoir Morgane, cette sensation était tout de même profondément différente. Mon besoin de Morgane résonnait dans mon être tout entier, dans chaque parcelle de ma peau, dans chaque cellule de mon corps. Amélie, elle, allait remplir un petit bout de mon cœur qu’elle avait soigneusement grignoté au fil du temps. Et il est tout de même bien difficile pour cet organe précieux de battre normalement avec un morceau en moins.

Plongée dans mes pensées, nous passâmes une grande porte battante sans que je ne m’attarde sur l’écriteau vissé dessus. Lorsque je relevai la tête, je constatai, à mon grand désarroi, que l’infirmière semblait disposer d’un faible pour l’exercice physique. Je dissimulai tant bien que mal une moue découragée en regardant les escaliers, et l’écriteau annonçant que la pédiatrie se trouvait au quatrième étage.

Mon air dépité n’échappa pas à la dame aux nounours qui esquissa un sourire contrit.

_ Désolée pour l’exercice, mais le tapage d’Amélie a réveillé beaucoup d’enfants là-haut. En passant par les escaliers, nous arriverons juste à côté de la salle du personnel où se trouve Amélie. Nous ne voulons pas que les autres enfants prennent exemple sur elle pour voir leur famille en pleine nuit suite à un cauchemar… Et certains en auraient l’idée s’il voyait qu’Amélie a obtenu gain de cause.

Je hochai la tête, compréhensive mais toujours aussi peu motivée… Je poussai un profond soupir avant de laisser se dessiner un petit sourire rassurant sur mes lèvres.

_ Et bien allons-y, après tout ce ne sont que des marches, elles ne vont pas me manger…

Nous commençâmes notre ascension en silence. Habituellement, ce petit exercice ne m’aurait pas dérangé outre mesure, si ce n’est quelques malédictions envers mon faible pour la nicotine une fois en haut. Mais cette nuit, mon corps était bien trop fourbu pour accepter un tel effort sans crier son mécontentement.

Arrivées à l’étage visé, je ressentis une forme de satisfaction peu orthodoxe en constatant que ma respiration était plus régulière que celle de mon guide. Fierté quand tu nous tiens…

Nous entrâmes silencieusement dans le service. J’eus à peine le temps de discerner les différents dinosaures peints sur les murs dans la pénombre, que mon guide disparaissait déjà à ma gauche. Je la suivis sans plus de réflexion et me retrouvai brutalement stoppée par un Objet courant non identifié.

Avant d’entrer dans la chambre de Morgane, j’avais eu le temps de respirer, de me préparer. J’avais pressenti la réaction de chaque fibre de mon corps, je les avais définies. J’avais pris mon temps, contrôlé mon impatience. J’avais pu l’observer dans un premier temps, la caresser, progressivement habitué mon être à sa présence. J’avais pu remplir mon manque d’elle doucement. Et j’en étais heureuse, parce que je n’imaginais même pas la force des émotions qui m’auraient assaillie dans d’autres circonstances. Je n’avais aucune assurance que mon cœur puisse tenir le coup.

Là, je n’étais pas préparée.

Le corps d’Amélie se jetant éperdument contre moi, me serrant de toute la force de ses bras frêles… Sans crier gare, des larmes s’échappèrent, tandis que je m’accroupissais pour agripper le corps de cette petite fille de mes bras maladroits de ne plus l’avoir serré.

Trois semaines que je ne l’avais pas vue. Un temps beaucoup trop long pour le manque d’une enfant, et trop préoccupée par Morgane, je l’avais mise dans un coin. Je n’en avais pas tenu compte, mais il était bien là, grandissant sans cesse. Jusqu’à ce qu’il explose au contact de la petite demoiselle qui m’avait tant manquée, et que j’en découvre l’importance.

Mon cœur battait trop rapidement dans ma poitrine et mes bras la serraient bien trop fort. Mon cerveau était un disque vierge qui tournait à vide, risquant la surchauffe. Mes lèvres étaient trop pincées, étouffant des pleurs qui auraient été bruyants sinon. Mes paupières, pourtant fermement serrées, trop peut-être, laissaient échapper trop de larmes. J’ignorais d’où elles venaient, mais je prenais conscience de tout le potentiel de mes glandes lacrymales ce soir.

Je compris alors, ce qu’avait ressenti Morgane en revoyant Amélie au centre aéré.

Un adulte garde presque toujours une certaine forme de contrôle sur ses émotions. Bien souvent, il choisit de les exprimer ou pas, décide d’abandonner les convenances ou de s’y conformer, de garder l’expression de ses émotions pour l’intimité ou pas. Un enfant, on ne peut pas se reposer sur ça. Un enfant est un concentré pur de sentiments, un enfant fait éclater ses émotions sans pudeur et sans gêne. Son corps crie ses besoins, et vous n’en êtes que le réceptacle impuissant, dans lequel il se déverse.

Amélie me hurlait son manque de moi et sa douleur sans voile et sans artifice, me les jetant au visage sans pudeur et sans tromperie. C’était moi l’adulte, c’était à moi de les recevoir et de panser ses plaies, de la soulager d’un sentiment qui était bien trop lourd pour son petit cœur qui n’en savait que faire.

Lorsque je sentis le petit corps secoué de spasmes sanglotants, je resserrai une étreinte déjà aliénante, tentant de recueillir des pleurs dont j’étais responsable.

L’infirmière nous guida jusqu’à la chambre d’Amélie, afin que nous puissions jouir d’un peu de tranquillité. La petite fille ne desserra pas son étreinte autour de mon cou le long du chemin, m’étouffant presque, mais je m’en fichais. Nous nous installâmes toutes deux silencieusement sur le lit.

Nous restâmes encore un instant enlacées, sans qu’un seul mot de franchisse nos lèvres. Au bout d’un moment, je forçais légèrement les bras d’Amélie pour qu’elle me relâche, et que je puisse regarder son visage strié des marques rouges de ses pleurs. Elle gardait la tête basse, et je dus relever son menton pour qu’elle me regarde enfin. Braquant toute ma sincérité dans son regard, je murmurai :

_ Je suis désolée Amélie. Désolée de ne pas avoir été là.

Son petit nez renifla un coup, et ses grands yeux bleus, si semblables à ceux de sa tante mais avec une lueur bien plus pure et innocente, restèrent fixés sur moi, interrogatif.

_ Pourquoi t’es partie Tatie ? Qu’est-ce qui s’est passé dans ta famille ?

Je poussai un soupir, cherchant les mots adéquats. Je repoussai une mèche de cheveux blonds ébouriffés de son visage avec un léger sourire.

_ C’est toi et ta tante ma famille. Je n’ai personne d’autre. Quand Morgane t’a dit que j’étais partie à cause de ma famille, c’était parce que ça ne se passait pas très bien entre elle et moi.

_ Parce que Tatie était pas souvent là et était pas heureuse ?

J’eus un moment de surprise. Note à moi-même : Amélie avait toujours conscience de beaucoup plus de choses que ce que je pouvais penser.

_ Qu’est-ce que tu entends par là ?

Elle haussa les épaules.

_ Ben, avant qu’on te rencontre, Tatie, elle était toujours triste, elle parlait pas, elle riait pas. Puis quand on t’a rencontré, et ben, et ben elle a commencé à rigoler et à sourire tout le temps, j’aimais bien Tatie comme ça. Et puis elle est redevenue triste, et elle s’occupait plus de moi.

_ C’est pour ça oui. Je ne comprenais pas pourquoi ta tante était comme ça, et elle ne voulait pas m’en parler. Alors on a commencé à se disputer, et je ne voulais pas que tu vois ça. Alors j’ai préféré partir pour qu’elle et moi on réfléchisse.

_ Vous ne vous aimez plus avec Tatie ? Et puis Tatie elle ne m’aime plus, et toi t’es partie, tu ne m’aimes plus non plus ?

Mon cœur fit un raté. Pourquoi n’ai-je pas pris le temps d’expliquer ma décision à Amélie avant de partir ? Pourquoi n’ai-je pas cherché à la revoir ?

_ Bien sûr que si je t’aime ma puce, bien plus que tu ne peux l’imaginer. Et ta tante t’aime tout autant.

Je poussai un soupir. Ce que c’était compliqué… Morgane me revaudra ça.

_ Tu sais que ta grand-mère veut toujours que tu ailles vivre chez elle ?

_ Mais je veux pas y aller ! cria Amélie soudainement.

_ Non, non, ce n’est pas ce que je voulais dire. Il n’est pas question que tu ailles vivre chez ta grand-mère. Au contraire. Mais vu qu’elle essaye toujours de te reprendre, ça inquiète beaucoup ta tante. Elle a très peur de te perdre et se bat comme une folle pour l’éviter. Si elle est devenue triste, si elle était souvent absente, c’est parce qu’elle faisait tout pour que ça n’arrive pas. Et parce qu’elle avait très très peur. Tu sais, ta tante, elle est habituée à se battre toute seule. Et là c’est ce qu’elle a fait.

_ Mais toi t’étais là maintenant !

J’eus un léger sourire en caressant sa petite joue.

_ Oui, j’étais là. Mais ta tante a fait comme d’habitude, c’était un réflexe. C’est pour ça qu’on se disputait, parce que je voulais qu’elle s’appuie sur moi, qu’on se batte toutes les deux côte à côte. C’est plus facile d’être à deux quand on a peur. Donc tu vois, Morgane, si elle était comme ça avec toi, c’est surtout parce qu’elle t’aime plus que tout, et qu’elle met toute son énergie pour que tu restes auprès d’elle. C’est pour ça qu’elle n’allait pas bien ce soir. Parce que tout ça, ça la fatigue énormément. Elle s’est tellement épuisée que son corps a dit stop et l’a forcé à dormir.

Amélie me regarda fixement pendant quelques secondes, avant de poser sa tête sur mon épaule. Je me mis à la bercer d’un mouvement inconscient. Au bout de quelques minutes, la voix d’Amélie n’était plus qu’un murmure endormi.

_ Mais toi, tu l’aimes encore ?

_ Je l’aime plus que tout. Je te l’ai dit, vous êtes ma famille. C’est pour ça que je suis revenue dès que j’ai appris qu’elle n’allait pas bien et que tu étais tombée dans les escaliers.

_ Mais tu vas quand même repartir ?

J’embrassai son front tendrement et resserrai mon étreinte.

_ Plus jamais. Plutôt manger mes chaussettes.

Amélie eut un petit rire las. Je sentais son corps se détendre contre moi, lentement emporté dans les bras de Morphée.

_ Tu promets Tatie ?

_ Je te le promets.

_ Tu restes avec moi cette nuit ?

Je poussai un léger soupir.

_ Je ne pourrai pas rester toute la nuit. Si j’ai pu venir là, c’est parce que tu as fait un sacré bazar pour ça. Mais je ne peux pas rester.

Amélie se redressa d’un seul coup, les yeux endormis mais le corps tendu. Dans d’autres circonstances, sa tentative de colère avec les paupières à demi-fermées m’aurait fait beaucoup rire.

_ Si tu pars, je vais refaire du bazar !

Je tentai de prendre un air mécontent, ce qui était assez difficile. J’étais trop heureuse de l’avoir à nouveau contre moi.

_ Si tu fais ça, je vais surtout revenir pour te gronder et rien d’autre. Je ne suis pas du tout contente de ce que tu as fait pour que je vienne. Tu as embêté les infirmières et tu as réveillé beaucoup d’enfants. C’était pas bien Amélie. Il faut aussi que tu penses à tous ceux qui sont autour de toi, et pas qu’à tes envies.

_ Mais moi je veux que tu restes !

Je ne pus m’empêcher de sourire.

_ Je ne serai pas loin Amélie. Je ne peux pas rester dans le service parce que tu imagines si les autres enfants voient que je suis avec toi parce que tu as fait ta mauvaise tête ? Ils vont faire pareil et là les infirmières seront tellement débordées qu’elles ne pourront plus les soigner. Et ça il ne le faut pas. Alors je vais rester avec toi jusqu’à ce que tu t’endormes. Ensuite, je redescendrais au rez-de-chaussée auprès de Morgane, en attendant l’heure des visites et que je puisse venir te chercher. Je reste juste à côté. Mais il faut me promettre de rester sage.

Amélie devait vraiment être fatiguée, car elle hocha la tête sans plus discuter. Ce qui était excessivement rare chez elle. Je vis ses petits yeux se fermer et je me penchai pour l’enrouler dans ses draps. Elle se blottit alors contre moi et saisit un morceau de mon pull qu’elle serra dans son petit poing. Je ne pus m’empêcher de faire le parallèle avec la façon dont s’était endormie Morgane quelques heures auparavant. En fœtus, blottie contre moi, serrant ma main dans la sienne.

Ces deux images se superposant me firent chaud au cœur et à l’égo. Elles avaient besoin de moi, l’une et l’autre. Dans toute cette tourmente, j’étais leur bouée, leur point de repère, auquel toutes deux devaient se raccrocher pour ne pas sombrer… Quant à la bouée, quelle utilité aurait-elle si elle n’avait pas ses naufragées à guider…

Liées à moi et moi à elles…

C’est moi. Julia.

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Commentaires
P
Adorable tête blonde, mais démentielle à ses heures. <br /> <br /> <br /> <br /> Le retrouvailles sont touchantes, l'immense amour qui habite tes héroïnes est palpable.<br /> <br /> <br /> <br /> Bravo, l'artiste. ;).
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C
Haha je crois qu'Amélie a toujours charmé bien du monde !! Merci vi !
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V
J'adore cette petite....<br /> <br /> qu'elle énergie!!!
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C
Encore une suite magnifique et des retrouvaillles qui font vraiment plaisir à lire... Merci pour ce moment
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